Chapitre 157 - LILY EVANS

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Lorsque Lily mit un point final à son texte, elle remarqua qu'il faisait déjà nuit noire, en-dehors des murs du château. Elle n'avait pas vu le temps passer. Elle actionna néanmoins la machine qui fit apparaître plusieurs exemplaires du dernier numéro des Chroniques de Poudlard en tournant machinalement la manivelle. Elle avait conscience que peu de monde aurait la tête à lire ce dernier journal de l'année scolaire mais le composer à elle toute seule lui avait fait du bien. Elle se sentait à présent pleinement fatiguée et elle espérait bien avoir le droit à une bonne nuit de sommeil, à présent.

Alors qu'elle poursuivait sa manœuvre pour faire apparaître quelques autres exemplaires du journal, elle entendit quelqu'un toquer à la porte ouverte de la salle, derrière elle. Lily s'était attendue, en se retournant, à retrouver Jenna. Mais ce n'était pas elle.

Son sang se glaça lorsque son regard se posa sur un Severus gêné qui se tenait à l'entrée de la salle.

- Salut, bougonna-t-il avec réserve, je suis venu voir comment tu allais.

Elle replongea le regard sur sa machine qui faisait apparaître les exemplaires des journaux les uns après les autres.

- Ça va, répondit-elle froidement.

Severus hésita. Elle savait que son ton froid le freinait dans ce qu'il voulait lui dire. Et elle savait exactement à quoi s'attendre de lui.

- Ecoute, dit-il finalement, avec tout ce qui s'est passé cette nuit, j'ai pris conscience que notre amitié était trop importante et précieuse pour qu'on la gâche comme ça. Je pense qu'on devrait repartir sur de bonnes bases, toi et moi. Oublier toutes ces horribles choses.

Lily soupira.

- Oublier ? grinça-t-elle. Oui, je me doute que pour toi, oublier serait bien plus facile que pour moi. C'est tentant de vouloir laisser derrière soi ses erreurs. Ça l'est moins quand on a été victime de cette erreur.

- Je sais... Ne va pas croire que... J'en ai conscience, je te l'assure. Je te demande... Je t'implore de me pardonner pour tout le mal que j'aie pu te faire.

- Te pardonner ? Tu veux que je te pardonne ?

Cette fois, Lily avait tourné un regard acéré sur Severus.

- Mais je n'ai fait que ça, te pardonner, ces dernières années ! Et tu sais ce que j'ai compris à la longue ? Que ça ne servait à rien. Tu es ce que tu es et je suis ce que je suis. Ça s'arrête là. Aucune amitié n'est plus possible entre nous.

Les épaules de Severus s'affaissèrent, comme s'il était au comble du désespoir. Ses yeux brillaient. Elle n'aimait pas l'expression implorante qu'il avait mais elle l'affronta.

- C'est... Non, c'est trop ridicule, souffla-t-il, tu ne te rappelles pas ce qu'on avait dit juste avant notre première année à Poudlard ? On se disait qu'on allait traverser toute notre scolarité ensemble ! Qu'on sortirait de la septième année diplômés, ensemble ! On va tout laisser s'effondrer pour une histoire aussi bête ?

- Ce n'est pas « une histoire aussi bête » ! rétorqua Lily. Je ne sais pas si je pourrais un jour te pardonner ce que tu m'as dit au bord du lac, vraiment, je ne sais pas si j'en aurais un jour la force. Mais il y a bien une chose dont je suis sûre, Severus : notre amitié est terminée ; terminée et enterrée. Elle n'a plus aucune chance d'avenir. Oui, on avait des projets quand nous sommes arrivés ici il y a six ans. Et oui, ces projets me tenaient à cœur. Moi aussi, je pensais que nous allions rester les meilleurs amis du monde, que nous allions traverser ensemble sept années magnifiques et que nous deviendrions des sorciers adultes ensemble. Mais ça ne se fera pas. Tu trouves ça stupide ? Peut-être que ça l'est. Mais moi, j'aurais tout tenté. Alors s'il y a bien un responsable à l'issue de cette « histoire aussi bête », c'est toi, Severus.

Le garçon pâlit face à cette diatribe. Il chancela, même. Lily, incapable de le regarder plus longtemps dans cet état, baissa le nez vers sa machine et tourna de nouveau la manivelle. Il y eut un silence très lourd et qui s'étendit. Severus était-il comme figé par ce qu'elle venait de dire ? Incapable de réagir ou de dire un seul mot ?

Après quelques minutes de cet horrible silence, elle quitta sa machine des yeux et regarda de nouveau vers la porte d'entrée de la salle. Il n'était plus là, elle était seule.

Il était parti.

Les Maraudeurs et le Retour du Némésis (tome 5)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant