GABRIELLA
Août 2022, New-York
Il est cinq heures du matin lorsque je parviens finalement à sombrer dans les bras de Morphée. Je me maudis de ne pas avoir réussi à me débarrasser de mes pensées moroses plus tôt, j'aurais peut-être pu ajouter quelques heures en plus au compteur de sommeil qui manque de kilomètres ces derniers temps.
On m'a dit que la vie reprendrait son cours. Que tout rentrerait dans l'ordre. Qu'après la pluie, viendrait le beau temps. Qu'un beau jour, je me réveillerais avec toutes les réponses que j'attendais, que j'irais mieux.
Et toutes ces phrases de merde censées apaiser le cœur, mais qui finalement, ne procurent que davantage de mal-être puisqu'on passe sa vie à les attendre, mais elles n'arrivent jamais.
Les jours passent, les semaines défilent, quatre années se sont succédées, mais rien n'a changé.
Rien.
J'attends toujours quelque chose qui ne viendra pas.
La sonnerie tonitruante de mon réveil me tire de mon court sommeil tout sauf réparateur. Après quelques tâtonnements dans le vide, je parviens finalement à éteindre mon portable qui hurle dans mes oreilles une mélodie criarde qui me donne des envies sordides de meurtre sanglant.
Je m'étire de tout mon long et chaque membre de mon corps craque bruyamment. Ce bruit me révulse, mais paradoxalement, la sensation me soulage et détend ma musculature endolorie après cette nuit expresse. Tant bien que mal, je m'extirpe de mon lit. L'horloge du salon affiche 7h45 lorsque je suis fin prête pour affronter cette journée.
Vêtue d'un ensemble de costume dans les tons beiges pour me donner du courage, je tente d'avoir l'air un peu moins morte qu'au réveil. Les vêtements beiges me donnent de l'aplomb, et une mention spéciale est attribuée aux ensembles de costume. Avec des baskets ou des escarpins, peu importe. Les costumes donnent de l'allure et me procurent une confiance à toute épreuve.
Je me sens intouchable.
Ce n'est pourtant qu'un leurre.
D'humeur plutôt fatale, je chausse mes escarpins noirs qui renforcent mon look de femme forte et indépendante, et m'attarde sur le miroir dans l'entrée afin d'effectuer les derniers arrangements avant de m'engouffrer dans l'effervescence new-yorkaise.
Mes cheveux blonds sont soigneusement ramenés en une queue de cheval haute, sans qu'aucune mèche ne dépasse. Malgré la généreuse couche d'anticernes appliquée, on peut aisément deviner que deux beaux cernes se logent sous mes yeux marrons, trophée de ma courte nuit passée à trop penser.
À ressasser.
Mon look soigné ne trompe pourtant personne : je ne suis ni une femme forte, ni une femme indépendante.
Du moins, j'ai cessé de l'être depuis qu'un homme m'a brisé le cœur. Je suis désormais une femme seule et meurtrie, incapable de se remettre sur pieds après une rupture amoureuse survenue il y a quatre ans.
Je me pince les joues une dernière fois pour me donner des couleurs, un réflexe hérité de ma chère mère. Lorsque j'étais enfant, il n'y avait pas un seul matin où j'y échappais, et cette manie avait le don de me rendre folle de rage.
Ma mine est défaite et si elle me voyait, elle me suggérerait sans aucun doute d'appliquer davantage de blush. Telle est la solution lorsqu'on se plaint à ma mère.
Un coup de mou ? Mets donc du blush, tu auras bonne mine. Une mauvaise note à l'école ? Chasse-moi cet air déconfit par une couche de mascara. Une peine de cœur ? Un brushing ferait le plus grand bien à tes cheveux ternes et effilochés.

VOUS LISEZ
LA MEUTE
RomanceGabriella et Nate filent le parfait amour lorsqu'un jour, ce dernier disparaît mystérieusement des radars ne laissant qu'un simple post-it sur le réfrigérateur. Quatre ans plus tard, bien que Gabriella ait réalisé son rêve de devenir avocate, sa vie...