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NATE
Août 2019

Gabriella est en pleine révision cet été et heureusement, sinon la situation aurait été complexe. Depuis que mes relations avec Il Luppo se sont renforcées, je passe le plus clair de mon temps à La Tanière pour préparer les procès des Louveteaux qui passent au tribunal, ou conclure les contrats avec nos fournisseurs et m'assurer que les clauses sont légales.

J'ai dû démissionner de mon cabinet où j'exerçais depuis la fin de mes études pour me consacrer exclusivement aux affaires de La Meute. Ça rapportait bien plus et tout le monde sait bien que l'argent, c'est le nerf de la guerre.

Gabriella n'y voit que du feu, bien trop prise par ses propres affaires et c'est tant mieux. Tant que je suis à la maison quelques soirs par semaine et que je lui prépare de bons repas, elle ne remarque rien.

L'autre soir, je lui ai même ramené des fleurs. Quand je suis passé devant le kiosque du fleuriste au coin de la rue, j'ai repéré un magnifique bouquet de lys blancs. Sans même regarder le prix, j'ai tendu ma carte bleue au commerçant et je me suis emparé du bouquet pour le ramener à Gab. En entrant dans l'appartement, tout était silencieux et je l'ai trouvée endormie dans le canapé, un bouquin de droit gisant à ses côtés. Je lui ai délicatement embrassé le visage avant qu'elle papillonne des yeux pour émerger et qu'elle me saute au cou pour me remercier du bouquet que je lui avais rapporté. Les lys sont ses fleurs préférées, j'ai donc visé juste. Les cinq minutes de bonheur figées sur le visage de mon amour valaient amplement les cinquante balles dépensées pour des fleurs qui seraient mortes d'ici quelques jours.

Je veille minutieusement à ce que Gabriella n'apprenne pas que je ne travaille plus au cabinet, sinon elle en viendrait à me poser des tonnes de questions auxquelles je n'ai aucune réponse à lui apporter pour le moment.

Lorsque je me gare dans la cour de La Tanière, l'orage gronde et je cours me réfugier sous le porche pour éviter d'être trempé. Malgré les trombes d'eaux qui s'abattent sur New-York, la chaleur est étouffante en cette fin août.

J'entre sans sonner dans la maison, saluant au passage quelques Louveteaux qui traînent dans le salon avant de me diriger directement dans le bureau d'Il Luppo.

Ces derniers temps, le Loup de New-York est plus nerveux que d'habitude. Il congédie ses Louveteaux sans ménagement pour aucune raison valable, élimine certains sans qu'ils ne soient coupables, fume des tonnes de cigarettes et consomme beaucoup d'alcool. Depuis le temps que je connais le mafieux, je ne l'ai jamais vu dans cet état-là. Je m'en inquiète presque.

– Les affaires vont très mal, Nate, me dit Il Luppo alors que je passe la porte de son bureau.

Un verre de whisky est posé à côté de tonnes de papiers que je devine être les feuilles de compte. Même les affaires illicites doivent tenir leurs comptes pour s'assurer que l'entreprise ne coule pas.

Je m'assieds dans le fauteuil, en face d'Il Luppo, et attends qu'il daigne m'en dire plus. Il passe une main dans ses cheveux grisonnants, puis sur son visage qui a l'air fatigué aujourd'hui à cause des cernes qui habitent ses yeux noirs.

– Pablo est mort.

Pablo était un Louveteau plutôt expérimenté qui ne s'occupait que d'une seule chose au sein de La Meute : éliminer l'ennemi ou quiconque nous faisait du tort. Il tuait plus vite que son ombre et avec une dextérité reconnue dans le milieu. Certains concurrents avaient déjà tenté de le débaucher, lui proposant des sommes plus qu'alléchantes, mais il avait toujours fait preuve d'une fidélité sans faille à l'égard de La Meute.

– Il a été retrouvé derrière un hangar près du port. Les rats le grignotaient déjà, m'indique Il Luppo alors que je fronce le nez, dégoûté. Une balle entre les deux yeux. Et une rose gravée sur le front au couteau, juste à côté du trou par lequel la balle est entrée.

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