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GABRIELLA
Octobre 2022

J'ai verrouillé l'appartement de Nate en même temps que mon cœur pour prendre mes jambes à mon cou et fuir loin de lui et de ses mots tranchants qui ne servent qu'à lacérer mon cœur déjà endolori.

Après son discours, j'étais à deux doigts de tout lui pardonner. S'il avait dit un mot de plus, je me serais ruée dans ses bras pour m'enivrer de son odeur et le supplier de ne plus jamais me quitter, de rester avec moi pour toujours.

Pour toujours.

Je lui aurais répété à quel point je l'aimais jusqu'à ce que je m'endorme d'épuisement.

J'étais à un cheveu de lui pardonner et j'avais eu désespérément peur. La confiance que j'étais prête à lui accorder avait été balayée d'un revers de main par les insécurités qu'il avait révélées chez moi quand il m'avait abandonnée et ses aveux étouffants.

Il est hors de question que je revive ça.

Hors de question que je sois son pantin à nouveau. Hors de question que la douleur imprègne mon esprit jusqu'aux tréfonds de mon âme pour me rendre plus morose encore qu'un croque-mort. Hors de question que les larmes soient quotidiennes, que je souffre encore d'oublier son odeur, de ne plus entendre sa voix, de ne plus sentir ses caresses.

Hors de question que la douleur se réinstalle dans mon cœur.

La Gabriella que je suis devenue refuse catégoriquement de retomber dans les filets de Nate.

De retomber dans les filets de quiconque d'ailleurs.

Je ne peux pas me résoudre à confier à nouveau mon cœur à quelqu'un qui aura vite fait de le piétiner sans aucune considération pour moi.

Mon égo a assez souffert et j'ai mis un temps monstre à pouvoir à nouveau me regarder dans une glace sans avoir honte de ce que j'étais devenue.

Assise et emmitouflée dans un plaid sur le canapé de Matthew, mon meilleur ami débouche une bouteille de vin rouge pour inaugurer notre soirée déprime et ragots.

Le bruit du bouchon qui saute fait écho à une soirée toute aussi triste des années auparavant. Cette fois-là, c'était Nate qui m'avait quitté. Je réprime ce souvenir en me convaincant que ce soir, j'ai pris la bonne décision.

Nate voulait me protéger en me quittant il y a quatre ans. J'ai pris la même décision aujourd'hui.

Je me protège en le quittant ce soir.

Mon téléphone ne cesse de sonner, Nate enchaîne les appels que je refuse avant d'éteindre complètement mon portable. J'ai besoin de déconnecter, besoin de retrouver mes esprits après tant de semaines en autarcie entre ses bras et ses baisers fiévreux.

La bulle dans laquelle Nate et moi vivions vient d'éclater dans un vacarme assourdissant qui me retourne l'esprit et me plonge dans une torpeur assommante.

Les semaines qui suivent notre sorte de rupture sont rudes et je les passe chez Matthew, jusqu'à ce que je me sente capable de retourner chez moi.

En passant la porte d'entrée, la poussière me fait brutalement éternuer. Cela fait presque un mois que je n'ai plus mis les pieds dans cet appartement et je ne m'y sens pas à l'aise. Je tente de me rassurer, imaginant qu'il suffit juste que je reprenne mes marques, petit à petit.

La première soirée seule dans mon appartement est difficile. Je sursaute au moindre bruit, mon cœur s'accélère dès que j'entends des pas devant ma porte ou lorsque l'ascenseur s'arrête à mon étage, traumatisée par mon agression d'il y a quelques semaines, terrorisée à l'idée d'en subir une nouvelle.

La MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant