GABRIELLA
Septembre 2022Non mais bordel, qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?
Il suffit que je boive quelques verres de vin pour retomber dans les bras de Nate ? Enfin, plutôt pour écarter les cuisses pour Nate !
Devant le miroir de ma salle de bain, j'observe mon visage humide après m'être aspergée d'eau pour retrouver un semblant de lucidité –et de dignité par la même occasion. J'ai dû rassembler toute ma volonté pour ne pas courir après Nate dans les couloirs du cabinet lorsqu'il est parti.
Mon corps, ce traître, ne semble visiblement pas se rappeler que mon cœur le déteste.
J'ai complètement perdu la tête et le pire, c'est que j'ai adoré ça. J'ai adoré sentir Nate contre moi, ses lèvres qui picorent mon corps et ses yeux qui me contemplent, j'ai adoré sentir Nate à la merci de mes soupirs, annihilé par mes désirs. La sensation a été grisante. J'avais le dessus sur lui et j'aurais pu lui faire faire n'importe quoi.
Et. J'ai. Adoré.
En observant mon visage de plus près dans le miroir, je me trouve plus belle que d'habitude. Dans mes yeux, brille une lueur nouvelle qui n'a plus habité mon regard depuis belle lurette. Je crois y déceler de la satisfaction. Mes joues sont roses, elles s'empourprent dès que je repense au torse sculpté et transpirant de Nate. Mes cheveux un peu en bataille me donnent un air sauvage et je me trouve désirable.
Ma tête tourne encore à cause de l'alcool.
Ou peut-être à cause des baisers de Nate, je ne sais plus trop.
J'ai chaud, beaucoup trop chaud, mon corps brûle encore du désir ardent qui m'a animée.
Je rejoins le toit-terrasse de mon appartement pour profiter de la fraîcheur que m'offre cette nuit automnale tout en savourant une cigarette qui me ramène peu à peu sur terre, parmi les vivants. Dans ce monde où je suis censée haïr Nate, bien loin de celui où je l'aime éperdument.
Les piétons me semblent minuscules pourtant, j'ai froid dans le dos lorsque j'aperçois sur le trottoir d'en face, un homme adossé contre la façade qui fume une cigarette en jetant des coups d'œil vers moi. Il a beau être en contrebas, je décèle assurément les regards fréquents qu'il lance vers le toit de l'immeuble où je me trouve. Surplomber New-York ne me sert pas à grand-chose à ce moment précis : j'ai beau toiser la ville de ma tour de verre, j'ai peur.
L'homme au pied de l'immeuble me paraît immense et surtout, très lugubre, comme un mauvais présage. Des frissons me gagnent, sans que je ne parvienne à distinguer s'ils sont dus au froid dans l'air ou à celui qui se trouve en bas et ne m'inspire pas confiance.
Et si c'était quelqu'un venu pour me faire du mal ? Ou pire, me tuer ? Un rival de La Meute ? Quelqu'un qui veut se venger de Nate et qui pense que me toucher l'atteindra ?
Un mauvais pressentiment me gagne et je sens mon cœur s'emballer. L'alcool encore présent dans mes veines n'arrange rien et amplifie ma paranoïa.
Ou peut-être me rend-il plus lucide ?
En jetant un œil en bas, je constate que l'homme est toujours dans la même position, et me regarde toujours fixement, sans ciller. De là où je suis, je ne remarque aucune émotion particulière sur son visage si fermé que c'en est angoissant.
Dépassée par la situation, je lutte contre l'envie irrépressible d'appeler Nate, ce qui me paraît être à la fois la seule et la meilleure solution. Mais après ce que nous venions de vivre, la honte m'envahit.
Le temps où Nate était ma seule solution est supposé être révolu. Pendant des années, chaque problème qui survenait dans ma vie n'avait qu'une seule solution : Nate. Quand il est parti, j'ai dû tout réapprendre. Réapprendre à me débrouiller seule. A être ma propre solution. Ma propre sauveuse.
![](https://img.wattpad.com/cover/343843944-288-k448450.jpg)
VOUS LISEZ
La Meute
Lãng mạnGabriella a longtemps attendu le retour de Nate après sa mystérieuse disparition à la fin de leurs études de droit. Elle ne s'attendait pas à le retrouver en garde à vue des années après, soupçonné de prendre part à des crimes organisés au sein de l...