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GABRIELLA
Octobre 2022

Les semaines qui suivent nos retrouvailles sont pleines de soleil. New-York s'assombrit à mesure que l'automne progresse alors que mon cœur, lui, est en plein été.

Je marche dans les rues, emmitouflée dans mon écharpe de cachemire, un sourire collé sur mon visage qui nargue tous les New-Yorkais dont les mines renfrognées ne sont pas sans rappeler celles des gardiens de prison.

L'amour enrobe ma vie et rend chaque jour un peu moins pénible. Nate est attentionné, investi et je me sens belle dans le reflet ses yeux. Lorsqu'il me regarde, je me sens comme le soleil.

Je suis complètement retombée dans ses bras, laissant de côté mes doutes et mes craintes et bordel, comme c'est bon. Je me suis lancée à corps perdu dans notre relation, sans aucune pudeur, me laissant ensorceler par ses mots et ses promesses douces comme de la soie.

Comme c'est bon de le retrouver le soir en rentrant du travail, comme c'est bon d'embrasser ses lèvres pleines, comme c'est bon de retrouver la proximité dont j'ai toujours rêvé avec cet homme.

Parfois, lorsque nous finissons de dîner et qu'il se prélasse dans le canapé pendant que je me plonge dans un dossier, je sens ses yeux bleus posés sur moi. Lorsque je lève la tête et que nos iris se percutent, la bienveillance de son regard me heurte de plein fouet, et je détournesouvent les yeux pour qu'il ne voie pas les larmes qui montent, émue par la sincérité de nos échanges.

La vie es belle avec Nate et nous apprenons à nous redécouvrir sans faire attention au monde qui nous entoure.

Je n'ai cependant pas arrêté les séances avec le Docteur Hyde. Certaines fois, mes crises ne sont pas loin de ressurgir. Certaines fois, la tête me tourne, mes mains se mettent à trembler et mon souffle s'accélère, signe que l'angoisse me gagne.

La salle d'attente de ma psychothérapeute est chaude et rassurante. Les murs sont peints en blanc avec un pan de couleur jaune qui dénotedu reste. Des tableaux colorés recouvrent les murs, le mobilier est récent et convivial, le Docteur Hyde a tout mis en œuvre pour rassurer ses patients.

Ma montre affiche dix heures quand le médecin passe sa tête pour appeler mon nom. Je la suis en silence, anxieuse à l'idée de la séance qui m'attend.

Le Docteur Hyde n'est pas très grande mais me dépasse tout de même de quelques centimètres. Ses cheveux bruns coupés à la garçonne commencent à être envahis de cheveux blancs, allant de pair avec les petites ridules qui encadrent ses yeux bruns pétillants. C'est une femme rassurante et souriante et elle porte sur son visage son évidente gentillesse et sa bonté d'âme.

– Installez-vous Mademoiselle Solenza.

Contrairement à l'idée que l'on s'en fait à travers les films à la télé, le cabinet du Docteur Hyde ne contient aucun divan et la séance se déroule assis, autour de son imposant bureau en bois de chêne.

– Comment allez-vous depuis notre dernière entrevue ?

– Bien, je crois. Mieux que jamais en fait, je crois.

– Vous croyez ?

– Non, j'en suis sûre. Mieux que jamais.

– Vous m'en voyez ravie. Et vos crises ?

– Elles sont moins présentes. Elles surviennent surtout lorsque je suis seule. Lorsque je suis avec Nate, il n'y en a aucune. Mais dès qu'il s'en va...

– Je vois. Nate vous apaise. Il vous rassure.

– Je n'ai plus peur quand il est là. Mais j'ai peur d'être dépendante, j'ai peur que mon angoisse ne dépende que de sa présence. Je ne sais pas comment gérer cela. Je ne sais pas comment aller bien même s'il n'est pas avec moi.

La MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant