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GABRIELLA
Août 2022

– Gabriella... murmure-t-il.

Dans tout New-York résonne son accent.

Mon cœur s'emballe quand je l'entends prononcer mon prénom avec autant de sensualité et de douceur. Je me maudis d'apprécier cet instant. Je me maudis de constater que ça m'a manqué.

Qu'il m'a manqué.

Mon corps réagit encore électriquement à chaque mouvement que Nate effectue et ce même des années après.

J'ignore son appel qui sonne comme une supplication, l'incitant simplement à poursuivre d'un regard froid. Impassible, je tente de garder le cap et de ne pas plier sous le poids de la douleur. Je tire une bouffée sur ma cigarette, prends le temps de bien ressentir la fumée brûler mes voies respiratoires, attaquer mes poumons et enflammer mes souvenirs, avant de ressortir en un nuage de regrets.

– Je ne sais pas quoi dire, poursuit-il de sa voix rauque.

Il ne sait pas quoi dire et je ne sais pas quoi lui répondre. Il s'est passé quatre ans depuis que nos regards se sont croisés pour la dernière fois sans même que je ne le sache et depuis, les choses ne sont plus pareilles.

Il y avait eu un avant Nate et un après Nate.

La période entre celles-ci n'est qu'utopie. Je ne me rappelle plus de ce qu'était la vie avant lui, j'idéalise celle avec lui et je maudis celle après lui.

Je me mure dans le silence, espérant qu'il finira par savoir quoi dire, mais l'animosité est bien trop présente pour qu'une conversation sereine puisse avoir lieu. Ma rancœur n'est pas disciplinée et risque de sortir avec autant d'agressivité qu'un orage en plein été.

De son côté, Nate n'a toujours pas daigné ouvrir la bouche et ma patience a des limites qu'il est en train de franchir.

– Laisse tomber, je crache acidement en tournant les talons.

– Attends...

Sa main entre en contact avec mon poignet pour me retenir et des millions de frissons parcourent l'intégralité de mon corps. Ce contact réveille en moi des sensations que je croyais oubliées, des émotions qui ne m'habitaient plus depuis son départ. Je prie silencieusement pour que Nate ne remarque pas l'effet qu'il me fait – l'effet qu'il m'a toujours fait –, et je me tourne vers lui, curieuse de savoir ce qu'il a finalement à me dire.

– Pourquoi tu ne m'as pas défendu ? Tu as été désignée pour être mon avocate.

– Si tu as véritablement fait tout ce dont Finwick t'accuse, alors tu ne mérites pas que je me fatigue à plaider ta cause.

Pendant une seconde, je supplie les cieux qu'il réfute, s'emporte, crie et nie le ramassis de conneries que Jeremiah a balancé quelques minutes plus tôt.

Mais il n'en fait rien.

Il se contente de baisser honteusement la tête, le regard fixé sur ses chaussures et cette posture sonne pour moi comme un aveu.

– Je pense que les choses sont relativement claires. Je n'ai pas besoin d'en entendre plus. Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi et tes trafics louches. Ne me mêle plus à tes affaires. Adieu Nate, je souffle en tournant les talons.

Je dégage brutalement mon bras qui était toujours emprisonné par sa main et cette fois-ci, il ne me retient pas. Il me laisse partir. Au fond de moi, je suis déçue qu'il abandonne si facilement, mais ma haine pour lui et ses activités illicites me conforte dans l'idée que de toute manière, je n'aurais rien tiré d'une quelconque conversation.

La MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant