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GABRIELLA
Septembre 2022

Il est quatre heures du matin quand je suis réveillée par des pas feutrés qui proviennent du couloir. Mon cœur s'accélère dans ma poitrine, mon souffle se fait court, est-ce l'homme d'hier qui revient terminer le travail qu'il a commencé ?

Non, impossible.

Nate l'a tué.

Nate qui est d'ailleurs dans mon canapé.

La soirée de la veille se reconstitue peu à peu. L'alcool a embué mon esprit et mélangé mes souvenirs, m'obligeant à me concentrer pour remettre le puzzle dans l'ordre.

– Nate, c'est toi ? je murmure assez fort pour qu'il m'entende.

Pour toute réponse, il se contente de passer la tête par l'entrebâillement de la porte.

– Tu m'as fait peur, je lui avoue dans un soupir de soulagement, reposant ma tête lourde sur l'oreiller.

– Pas de panique, je sortais juste des toilettes.

Il se retourne pour regagner le salon, et je le vois hésiter.

– Ça va ? Tu... Tu arrives à dormir ?

– Pas vraiment. Je venais de fermer les yeux quand j'ai entendu tes pas dans le couloir. J'ai eu peur que... enfin tu sais quoi...

– Ouais, je vois.

Il passe une main maladroite dans ses cheveux désordonnés et je le trouve adorable. La faible lueur des lampadaires new-yorkais qui filtre à travers les persiennes éclaire sa gueule d'ange et je devine à son air épuisé qu'il n'a pas fermé l'œil jusqu'à présent lui non plus.

– Bon, eh bien... N'hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais où me trouver, me lance-t-il en rebroussant chemin dans le couloir.

– Nate ! je chuchote un peu plus fort, pour qu'il m'entende.

Sa tête refait surface dans ma chambre.

– Est-ce que...

Le lampadaire éclaire toujours son visage lorsqu'un espoir glisse dans ses yeux. Du moins, c'est l'émotion que je crois deviner.

– Est-ce que tu peux rester avec moi s'il te plaît ? Je crois que je dormirais mieux si tu es là, à côté, si je sais que rien ne peut m'arriver.

– Évidemment Gabriella.

Il s'installe en tailleur, au pied du lit.

– Où est ton arme ? je demande d'une voix tremblante.

– Rangée Gab. Je ne dors pas avec un glock sous l'oreiller. Même si par les temps qui courent, je devrais.

Je déglutis difficilement, à moitié apeurée, à moitié rassurée. D'un geste vif, je rabats la couette pour l'inviter à s'installer à mes côtés. Hésitant, il s'approche toutefois.

– En tout bien tout honneur bien sûr. Je suis ton avocate Monsieur Delfino !

Il rigole et je le suis d'un rire endormi.

– En tout bien tout honneur bien entendu, Maître Solenza, répète-t-il.

L'oreiller s'enfonce sous le poids de sa tête et je l'observe fixer le plafond en silence. Seul son torse qui monte et descend au rythme de sa respiration m'indique qu'il est bien vivant.

Après une si longue journée, Nate sent toujours aussi bon et je ferme les yeux pour mieux profiter de son odeur.

J'apprends à faire travailler un seul sens à la fois à ses côtés, car j'ai trop été habituée à ce qu'il les mette tous en ébullition.

La MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant