8

1.1K 31 9
                                    

NATE
Deux jours avant

Il est vingt heures et je poireaute comme un con depuis une heure déjà. Chaque minute qui passe éveille un peu plus ma colère et je ne vais pas tarder à atteindre le point de rupture. J'ai une sainte horreur d'attendre, davantage quand je dois mener une opération importante comme celle-ci et que mon rendez-vous ne vient pas.

Quelque chose a forcément dû mal tourner. J'ai un mauvais pressentiment, mais je n'arrive pas à l'expliquer.

Je jette un énième coup d'œil à ma montre, désormais persuadé que mon rendez-vous ne viendra pas.

Il Luppo m'a envoyé ici afin de conclure un gros contrat pour La Meute et par la même occasion étendre nos relations contractuelles. Ce nom métaphorique donné à notre grande famille qu'est la mafia du Loup représentant une horde de canidés affamés mais prêts à tout pour se protéger nous donne l'impression d'être plus forts ensemble. Et j'aime cette sensation de protection lorsque je suis avec mes pairs.

Je n'ai pas toujours été du mauvais côté du business. Ou plutôt, je n'ai pas toujours été impliqué dans les plus grosses affaires comme je le suis aujourd'hui.

Plus jeune, je me contentais de poster quelques courriers compromettants, crever quelques pneus, rayer quelques portières, rien de bien méchant. Seulement de petites vengeances ou des mises en garde que le pire restait à venir.

Plus tard, quand j'ai obtenu mon diplôme d'avocat, j'ai défendu les Louveteaux qui se faisaient choper par la police. Je n'ai fait que mon boulot, défendre mon client, rien de plus, rien de moins, mais la satisfaction de voir mes amis protégés grâce à moi était grisante. Récemment, les choses se sont intensifiées, mon implication s'est concrétisée, me conférant une force certaine et une reconnaissance de la part du patriarche.

Je n'aurais jamais pensé que la vie me mènerait jusqu'ici. Je n'aurais jamais imaginé finir bras droit du Loup de New-York et même lorsque l'occasion s'est présentée à moi, je n'ai pas voulu l'accepter. Pourtant, c'était une histoire écrite d'avance, la suite logique d'un passé épineux que je me battais pour cacher mais qui ressurgissait sans cesse.

Oublier n'était pas toujours une fin en soi. Parfois, il fallait juste accepter sa condition.

Mon téléphone sonne et le nom de Paul s'affiche à l'écran. Je fronce les sourcils, surpris que mon acolyte me téléphone alors qu'il sait que je suis en mission et donc logiquement injoignable.

– Bordel qu'est-ce que...

– NATE BARRE-TOI ! me crie mon interlocuteur.

– Hein, mais pourqu...

– NATE, LES FLICS DÉBARQUENT, C'EST UN PIÈGE ! hurle Paul à travers le téléphone.

Mon sang ne fait qu'un tour et sans réfléchir je regagne ma voiture garée un peu plus loin. Je grimpe dans l'habitacle en balançant mon téléphone sur le siège passager et démarre aussitôt, pressant l'accélérateur de toutes mes forces, ce qui fait crisser les pneus. Le Bluetooth se met en route et j'entends alors Paul qui hurle toujours sur les haut-parleurs du Range Rover.

– J'Y CROIS PAS, COMMENT ON A PU SE LAISSER AVOIR COMME CA !

– Paul, la ferme ! je m'énerve. Tu cries trop fort, je ne m'entends même plus penser ! Comment as-tu su tout ça ?

– Mon contact à la police, m'informe-t-il en calmant le volume de sa voix. Il m'a appelé il y a dix minutes pour m'informer que leurs équipes s'apprêtaient à sortir pour t'intercepter aux alentours de Downtown Brooklyn. Le gars avec qui t'avais rendez-vous, c'est un de chez eux, une taupe. Le mec a voulu nous baiser !

La MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant