La Meute

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GABRIELLA
Décembre 2016

Le rythme effréné de la faculté m'épuise et j'ai la sensation que le mois de décembre ne finira jamais. La semaine à venir signe le début des examens. Après, je serai en vacances mais d'ici là, les révisions vont s'intensifier et ma fatigue ne va pas s'arranger.

Les fêtes de Noël m'angoissent et devoir les passer avec mes parents ainsi que ma sœur ne m'enchante guère, mais comme chaque année, je dois prendre sur moi.

En sortant de la bibliothèque où j'ai passé la journée à réviser, je suis surprise par des mains glaciales qui me brouillent la vue. Je reconnais l'odeur enivrante de Nate qui me transporte dans un monde parallèle depuis quelques semaines.

Nous avons passé l'intégralité du mois de novembre ensemble, et décembre a commencé de la même manière. Nate chez moi ou moi chez Nate, des sourires complices, des discussions profondes, des révisions intenses et des rires sincères.

Mes sentiments ne cessent de croître pour lui. En plus d'être beau à tomber, il est intelligent à souhait et drôle à en mourir.

Il m'est impossible de déterminer la nature des sentiments de Nate à mon égard. Il se montre patient avec moi, passe des heures à m'écouter, est toujours là lorsque j'ai besoin de lui, mais jamais aucun contact physique ne s'établit entre nous.

Ses mains s'ôtent de mes yeux et je recouvre peu à peu la vue quand il se plante devant moi avec un grand sourire.

– Qu'est-ce qui te met en joie comme ça ? je demande en haussant un sourcil énigmatique.

– La sortie du dernier Star Wars pour lequel tu vas m'accompagner Gabriella !

Son sourire est communicatif et son accent m'ensorcelle. Malgré ma dure journée, il réussit à me faire oublier mes tracas et à adoucir mon aigreur.

– Je déteste Star Wars, je n'en ai pas vu un seul.

– Et moi je déteste le cinéma. Mais c'est Star Wars ! C'est un spin-off. Même si c'est mieux d'avoir vu les précédents, ce n'est pas non plus nécessaire. Tu n'as aucune excuse pour ne pas m'accompagner. En plus je suis sûr que tu aimes le pop-corn. Qui n'aime pas le pop-corn ?

Je lève les yeux au ciel, parce qu'il marque un point. Je suis dingue de pop-corn qu'il soit salé, sucré ou caramélisé. Pas de jaloux.

– Et les révisions Nate ? Les partiels sont la semaine prochaine. Je ne peux pas me permettre d'échouer au premier semestre de ma première année !

– Pas de panique Gab, ce n'est pas une soirée cinéma qui va compromettre un semestre entier de travail ! Et si vraiment tu veux réviser, on pourra rentrer chez moi après la séance pour réviser quelques heures !

Mon silence trahit mon hésitation, mais il ne me laisse ni le temps de réfléchir, ni le choix d'ailleurs.

– Je pense que tu as mal compris. Je ne t'ai pas demandé ton avis !

Sa remarque déclenche mon hilarité et nous quittons l'université sur ces mots.

L'heure de la séance de cinéma arrive vite et nous rejoignons nos sièges. Je manque de m'étaler au moins trois fois dans les escaliers à cause de l'immense carton de popcorns salés qui m'obstrue la vue, les lumières tamisées de la salle ne m'aidant pas.

Le film est comme je m'en doutais, nul. Je n'y comprends rien et il me tarde que la séance se termine pour me mettre au travail. Prendre du bon temps me fait culpabiliser, si bien que je ne m'en accorde que très peu en cette période stressante et que cette soirée ne dénote pas : je culpabilise à mort.