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NATE
Septembre 2022

J'observe sans retenue Gabriella qui se trouve à quelques centimètres de moi. Ses jolies jambes hâlées repliées sous ses fesses moulées dans sa robe rouge, me donnent toutes sortes d'idées affriolantes que je ne dois pourtant pas imaginer. Ses cheveux remontés en un chignon lui donnent un air enfantin, contrastant avec sa robe terriblement sexy.

Concentrée sur sa feuille, elle mordille le capuchon de son stylo, sans percevoir que je la dévore du regard.

Je me félicite intérieurement d'avoir trouvé cette idée de nocturne pour travailler davantage sur le dossier. Tout l'après-midi, j'ai fait exprès de faire traîner l'affaire, hésitant sur les arguments présentés par Gabriella, feignant de ne plus me souvenir d'un détail que Paul m'avait pourtant bien expliqué en long, en large et en travers, dans l'unique but de prolonger le temps passé à ses côtés.

La voir assez à l'aise avec moi pour enlever ses chaussures et remonter ses cheveux en un chignon flou me replonge dans le passé. Si Gabriella était en tout point différente de sa mère, un seul détail les unissait : elles étaient en toutes conséquences apprêtées et ne se laissaient jamais voir sans l'être. Sauf si elle vous aimait.

Ce chignon négligé en disait beaucoup plus que n'importe quel mot d'amour. Ce chignon négligé voulait dire que, d'une manière ou d'une autre, elle m'aimait.

Et au fond, tout au fond, ça me faisait un bien fou.

– Je crois que je suis ivre, m'indique Gabriella en jetant son stylo sur la petite table.

Alors qu'elle explose de rire en rejetant la tête en arrière, je ne peux m'empêcher de la suivre. Le rire de Gabriella est sans doute le son le plus doux qu'il m'ait été permis d'entendre. La délicatesse de son éclat résonne à mes oreilles comme un joli cri d'oiseau au printemps.

Elle détache ses cheveux qui s'éparpillent autour d'elle quand elle finit par s'allonger au sol en fermant les yeux. Elle sourit maintenant et mes lèvres suivent le même chemin en regardant sa poitrine monter et descendre à chacune de ses respirations.

Allongée sur le sol, cette allégresse prostrée sur le visage et ses cheveux répandus autour de son doux visage, elle n'a jamais été aussi belle. Je n'ai jamais eu autant envie d'elle.

– Je crois qu'on en a assez fait pour ce soir, Nate. Je n'arrive plus à réfléchir à cause du vin.

Son visage se tourne vers moi, m'offrant une vue panoramique sur l'étendue de son corps, de la pointe de ses cheveux jusqu'au bout de ses orteils. Elle a raison, j'en suis conscient, mais je ne peux me résigner à la quitter. Je sens l'alcool me monter à la tête et mon sang pulser dans mes veines, m'enhardissant un peu.

– Je ne veux pas partir, Gab...

Elle se redresse sur son coude et me fixe avec un air énigmatique. La bretelle de sa robe glisse sur son épaule et fait manquer un battement à mon cœur. Je déglutis difficilement, tentant de déchiffrer son expression. Il m'est impossible de déterminer si son visage m'accueille ou me repousse.

– Il faut... On ne peut pas... Je...

Gabriella bégaye et passe sa main sur son front, comme si elle voulait chasser ce à quoi elle pense. Comme si trottait dans sa tête les mêmes idées que les miennes. Grâce au plafonnier, je vois son regard s'emplir d'inquiétude.

Si jamais je tendais le bras, je pourrais sans problème atteindre sa joue et la toucher.

C'est ce que je fais. Dans un geste désespéré, j'enroule sa joue du creux de ma main en caressant du bout du pouce sa pommette. Dès qu'elle ferme les yeux, je retrouve ma Gabriella. Elle laisse sa joue reposer contre ma paume. À cet instant, je sais qu'elle se laisse complètement aller. À cet instant, elle est à moi.

La MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant