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GABRIELLA
Octobre 2022

Les journées s'enchaînent, les semaines défilent, sans que je puisse les savourer. Mon quotidien est rythmé par une routine assourdissante, mais appréciable.

Les rendez-vous avec Nate et le reste de la bande se sont intensifiés et sont devenus quotidiens. Nate arrive peu avant midi pour m'emmener déjeuner et nous préparons minutieusement le programme de l'après-midi qui s'offre à nous. Vers quatorze heures, Paul, souvent accompagné d'Alicia ou quelques autres membres de La Meute se pointent dans mon bureau. Nate joue le juge, je joue mon propre rôle d'avocate. Il est coriace, mais je suis encore plus dure que lui, ce qui souvent l'étonne.

Puis on interroge Les Louveteaux qui ont appris par cœur des réponses toutes faites, comme un script duquel il ne faut pas se détourner pour être sûr d'avoir le bon scénario.

Paul, Alicia et les Louveteaux quittent mon bureau vers dix-huit heures, me laissant débriefer avec Nate de ce qui s'est passé l'après-midi. Les défauts, les qualités, les choses à parfaire, les choses à ne plus refaire.

Parfois, on dîne ensemble, parfois chacun part de son côté faire ce qu'il a à faire.

Mais depuis cette fameuse nuit où je me suis faite agressée, je n'ai plus dormi seule.

Tous les soirs, Nate me rejoint dans mon appartement.

En tout bien tout honneur.

Nous discutons parfois du procès, parfois d'autre chose, et la simplicité du moment me rend toute chose. Puis nous nous couchons, il enserre ma taille de ses bras costauds dans son sommeil et nous dormons ainsi jusqu'au lendemain matin. Mes nuits sont douces et reposantes. Je calque ma respiration à son souffle dans mon cou. De ce fait, nos cœurs battent à l'unisson. Et le lendemain, cette joyeuse routine recommence.

Je me demande jusqu'à quand dureront ces moments hors du temps. Parfois, je m'imagine à nouveau sans lui et la plaie béante causée par son départ s'amplifie. Parfois, je me rappelle à quel point je suis supposée le détester, et je ne veux plus le voir.

Ça ne dure pas plus de dix minutes.

Souvent, je passe des heures à rêver de ce que pourrait être notre vie à deux.

Je n'ai pas pardonné Nate pour ce qu'il m'a fait et sa manière brutale de me quitter. J'apprends simplement à vivre avec cette aigreur qui s'atténue au fil du temps. Toutefois, il suffit qu'il ne réponde pas à mes messages pendant plus de deux heures, et mes angoisses remontent à la surface.

Et s'il était reparti ? Et s'il m'avait encore abandonnée ? Et s'il ne voulait plus de moi, à nouveau ?

Et si, et si, et si...

La tension entre lui et moi ne s'est plus faite ressentir depuis cette fois dans mon bureau où nous avons failli franchir le point de non-retour. Nate veille à ne pas me brusquer après mon agression et même si je lui en suis infiniment reconnaissante, j'ai cruellement envie de sentir à nouveau sa peau se frotter à la mienne. L'attente est désespérément longue, me faisant parfois presque douter. Quand osera-t-il m'embrasser à nouveau ?

J'en meurs d'envie.

Un appel sur mon téléphone me fait froncer les sourcils. Je me suis promis de ne plus répondre aux numéros que je ne connais pas en dehors de mon temps de travail, mais la curiosité me gagne et me force à décrocher.

– Gabriella Solenza, j'écoute ?

Un frisson me parcourt lorsqu'une voix robotisée retentit dans le combiné.

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