CHAPITRE II

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TW: certaines scènes peuvent heurter la sensibilité de certains, meurtres, sang, violence...


N1811.

Une semaine avant.


—Prisonnier N1811, vous êtes attendu à votre rendez-vous quotidien, prononce le gardien en charge de ma protection.

Je sors de ma cellule, tends mes deux mains pour recevoir les menottes, qui prennent place directement sur mes poignets et je le suis sans broncher.
Plus vite sera terminé ce putain de rendez-vous, plus vite je serai de retour dans mon trou.


Après avoir passé la porte, la même porte que je passe tous les lundis, je me retrouve comme d'habitude face à la même femme qui s'occupe en vain de mon cas. Chaque semaine, elle me pose toujours les mêmes questions, elle me fait ressasser toujours les mêmes souvenirs, afin d'essayer de comprendre pourquoi j'ai agi ainsi.

L'espoir fait vivre, et elle a de la chance que je sois en taule, sinon elle serait déjà morte.

De visage sévère avec ses lunettes qui n'arrangent rien, sa coupe au carré noir corbeau et ses yeux de la même couleur, elle est fade. Pour autant, ses tenues sont tout autre, sa jupe trop courte qu'elle s'efforce à replacer trois à quatre fois en une heure et demie, son débardeur qui laisserait presque déborder ses seins, tout pousserait à croire qu'elle souhaite m'aguicher.

Mais ce n'est pas dans mes projets, ma main me suffit pour le moment.

En même temps, je ne suis pas sûr qu'à l'extérieur elle se fasse baiser, elle a l'air d'avoir passé dix ans de sa vie dans cette minuscule pièce, ce qui ne favorise pas son état de femme complètement amochée, qu'elle essaie là encore une nouvelle fois de camoufler en s'injectant de l'acide hyaluronique.

Et puis je me suis toujours posé la question, quel genre de personne pourrait aimer écouter les histoires hard de prisonniers, à part les personnes complètement à la ramasse dans leur vie personnelle ?

Debout face à elle, je maintiens mon regard froid.

— N1811 bonjour, je vous en prie veuillez-vous asseoir, me dit-elle un bout de son crayon coincé entre ses lèvres.

Pathétique.

J'arbore mon plus beau sourire comme toujours, inspire et expire un bon coup, prêt à répondre à ses putains de questions habituelles, après m'être assis sur la chaise de gauche cachée derrière son immense écran.

La pièce n'est pas très grande, elle se compose uniquement d'un bureau en bois avec deux tiroirs où les poignées ont été arrachées. Son écran d'ordinateur est fixé au bureau et les fils ont été cachés afin que je n'y aie pas accès. Tout est fait pour qu'il ne se passe pas d'incidents, même ce putain de crayon qu'elle mâche n'est pas taillé, afin de réduire encore une fois toute possibilité que je puisse lui enfoncer la mine profondément dans la rétine. Ils font quand même preuve de stupidité, puisque même avec un crayon pas taillé, j'aurais juste à lui enfoncer un peu plus profondément pour que ça rentre, la mine aurait juste facilité l'accès.

— Aujourd'hui est un grand jour, me dit-elle tout sourire.

Un grand jour ? Je n'ai vraiment pas la patience -comme chaque semaine- pour supporter son état enjoué, son sourire de merde et toutes ses conneries habituelles, alors il va falloir qu'elle ouvre sa gueule et vite.

REBIRTH ISLAND {DARKROMANCE} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant