CHAPITRE IIX

827 49 22
                                    

N1811.

Jour 7.

Allongé sur cette étendue de sable, avec chaque grain qui me colle à la peau, j'observe le ciel. Un jour de plus où je n'ai toujours pas pété un câble. Le point positif, c'est qu'il fait moins chaud, les nuages qui couvrent le ciel rendent notre nouvelle prison plus agréable.

J'attends.

Je ne sais pas ce que j'attends, mais je le fais.

J'aime sentir ce vent humide dans mes cheveux, même si je l'apprécierais mieux si l'autre connard à côté de moi n'était pas là. Son putain de grincement de dents quand il dort est insupportable, je suis à deux doigts de les lui arracher une par une.

Deux jours maintenant que je n'ai rien mangé et je vois que j'ai perdu en masse musculaire, ce qui n'est vraiment pas bon si je dois me battre. Nombreux sur cette île ont fait en sorte d'avoir une activité physique régulière en taule, juste pour pouvoir provoquer des bagarres et ainsi, remporter de la thune. De mon côté, ce genre de conneries ne m'intéresse pas.

Je sais que je suis musclé, mais je sais aussi que sur cette île de merde, il y a plus fort que moi. Avec l'adrénaline, je pourrais me défendre, notre instinct de survie fait souvent des miracles, mais je ne suis pas immortel.


Parfois, je crève tellement la dalle que je me demande si je ne devrais quand même pas bouffer le clébard à ma gauche. Selon les dires de certaines personnes en prison, la viande humaine ressemblerait à du poulet, ça ne devrait donc pas être mauvais.

STOP, ça me donne envie de gerber.

En parlant de lui, il reste étrangement calme, comme toujours. J'entends rarement le bruit de son estomac, je me demande même s'il ne mange pas en cachette. Il ne semble pas agacé, ne râle jamais, il reste neutre et son comportement de prisonnier modèle a tendance à me casser royalement les couilles. On pourrait carrément croire qu'il a atterri dans cette prison sans n'avoir jamais rien fait.

Elle s'appelle comment ta gosse ? lancé-je.

Surpris par ma question, il me fixe de ses yeux noirs, les plisse comme pour pouvoir m'analyser. Il se demande sûrement pourquoi je lui pose cette question et il peut totalement se la poser, nous ne sommes pas amis et qui sait, après m'avoir donné son prénom, je peux très bien aller la buter en sortant, sans aucun remord.

Qui te dit que j'ai un môme ?

Me prend-il pour un con ?

Est-ce une stratégie ?

Ou se fout-il simplement de ma gueule ?

De mon doigt, je trace une ligne horizontale dans le sable, à son centre je trace une ligne verticale, je continue en mettant à sa pointe une autre horizontale et je complète mon œuvre d'art en dessinant un bonhomme bâton comme un enfant de cinq ans. Mon dessin favori, celui que j'offrais avec un grand sourire à ma sœur étant plus jeune, lui faisant croire que c'était un ange qui prenait son envol sur une grue.

C'était juste un pendu, reflétant simplement ce que j'aurais voulu lui faire plus d'une fois.

Inspire, expire.

Pathétique.

Sa tronche tatouée sur ton bras.

Observateur, répond-il un rictus sur ses lèvres.

Oui c'est ça, il me prenait vraiment pour un con.

Son silence qui dure des plombes et son regard rivé sur son T-shirt qu'il place sur un arbre pour le faire sécher, j'en conclus donc qu'il ne me dira rien.

REBIRTH ISLAND {DARKROMANCE} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant