CHAPITRE VII

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NOVA

17h.

— Comment vous sentez-vous aujourd'hui ? Cela fait plusieurs semaines que je ne vous avais pas vue, me sourit la psychologue, installée en face de moi.

— Veuillez m'excuser, entre les cours avec les tonnes d'examens, les sorties avec mes amis et ma mère, dis-je en triturant mes doigts pour faire passer au mieux mon mensonge.

J'avais réussi à éviter au maximum de mettre les pieds dans ce cabinet que je ne connais que trop bien. Une grande pièce blanche avec un énorme bureau noir laqué au centre, une grosse chaise moderne qui peut s'abaisser d'un simple bouton sur laquelle je suis assise et, pour accompagner le tout, des photos de paysages montagneux, pour le côté « zen », m'avait-elle dit la fois où j'avais posé mon regard un peu trop longtemps sur l'un d'eux.

Cependant, j'ai repris un rendez-vous en urgence après qu'April m'ait reparlé de Jules, persécutant mon cerveau en boucle sur son absence et provoquant une nouvelle douleur aiguë à mon cœur.

— Vous le voyez encore ? me demande-t-elle sans passer par quatre chemins.

Je mentirais si j'affirmais que c'est la première psychologue que je viens voir.

Il y en a eu en tout dix, enfin j'ai arrêté de compter à ce moment-là, quand j'ai eu l'impression d'être un cas désespéré. Quand je savais que la plupart des personnes ne pouvaient rien pour moi.

Mais en réalité, on ne peut pas se faire aider si on ne le souhaite pas soi-même.

Ma mère a quand même voulu essayer en me faisant suivre, mais un bon nombre d'entre eux n'avaient pas la patience lors de mes longs silences, et d'autres me renvoyaient chez des psychiatres pour un traitement plus efficace, ou encore l'un d'eux a même suggéré à ma mère de faire un courrier pour m'interner.

Ce que j'aime plus ou moins avec le docteur SUN, c'est qu'elle a eu la patience nécessaire pour me laisser le temps de lui confier certaines choses et, qu'avec le temps, elle a appris à éviter ces questions inutiles et à aller droit au but avec moi. C'est une bonne psychologue, selon moi, avec beaucoup d'expérience. Expérience qu'elle a dû acquérir grâce aux nombreux patients qu'elle a eus et si je me réfère au diplôme qu'elle a reçu en 2150, accroché derrière elle, que je remarque à chaque consultation.

— Ou-oui, enfin plus ou moins, il ne va pas jusqu'à me tuer parfois, donc c'est déjà ça, lancé-je en portant mon doigt à ma bouche pour y mordre les morceaux de peau qui dépassent.

Elle me sort sa feuille A4 habituelle avec sa pyramide de la haine, elle pourrait l'avoir oubliée à la prochaine consultation, ça ne changerait rien, je la connais par cœur. J'entends depuis plusieurs séances que je me situe sur le haut de la pyramide, la case rouge, « la mort ».

— Nova, votre frère...

— Je-je n'ai pas de frère, la coupé-je sèchement.

Elle esquisse un sourire qui se veut bienveillant et réconfortant, encore et toujours les mêmes que j'ai constamment. Je n'en ai pas besoin. Je n'en veux pas.

Devant elle, j'essaie vraiment de faire un effort, mais il est vrai que parfois je me renferme assez rapidement.

Elle sait que je déteste la pitié, on en a déjà parlé pas mal de fois, mais elle s'efforce de me répéter que ses sourires sont bienveillants, et qu'à ses yeux je suis une personne forte qui est loin de susciter la pitié chez les autres.

Elle ouvre le premier tiroir à sa gauche et en sortit une page avec au centre une courbe représentant les étapes du deuil : choc, déni, colère, tristesse, résignation, acceptation, reconstruction.

REBIRTH ISLAND {DARKROMANCE} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant