REBIRTH ISLAND {DARKROMANCE}

CHAPITRE XXXIX

NOVA

Les larmes me brouillent la vue, je viens de me débattre comme une lionne pour sauver ma peau. Mes cheveux sont en pagaille, ma robe déchirée, je me suis retourné un ongle et foulé une cheville en courant pour lui échapper, à cause de mes fichus talons. J'ai lutté de toutes mes forces, pour au final me retrouver dans cette situation. Je suis assise dans une pièce dans jusque laquelle il m'a traînée par les cheveux, après m'avoir donné un coup sur la tempe droite avec son arme, me laissant consciente, mais assez dans les vapes pour éviter que je me défende une nouvelle fois.

Mon cerveau est à deux doigts d'exploser.

Tous s'est déroulé bien trop vite, j'étais au buffet en train de prendre un de leurs beignets à la crevette pour faire passer le temps, puisque je m'ennuyais bien trop. J'analysais régulièrement la pièce, pour savoir ce que le prisonnier le plus sexy faisait de son côté afin de gérer ces longues minutes à attendre Blake, son ancien chef de gang. D'ailleurs, cela m'a surprise que K m'intègre dans le plan en me l'expliquant calmement pour que je puisse le comprendre au mieux. Je pensais juste être un vulgaire fromage qu'on donne pour appâter une souris ou encore, un asticot qu'on place au bout d'une canne à pêche pour pouvoir attraper les plus gros poissons. Or, il a pris le temps de me faire un topo sur la cible et ce qu'il souhaitait faire. Du moins, il m'a communiqué que le plan A. Je commence à le connaître, je sais parfaitement qu'il a plusieurs plans d'avance, il ne se jetterait pas dans la gueule du loup sans avoir pensé comme eux avant.

C'est là que ce fameux Blake s'est placé derrière moi pendant la courte seconde où K avait le téléphone collé à son oreille, suivant une discussion qui avait l'air intéressante au vu de son froncement de sourcil. Il m'a collé le canon froid sur mon dos nu en me chuchotant au creux de l'oreille de le suivre, sinon il n'hésiterait pas à me « défoncer la cervelle ». Alors je l'ai suivi jusqu'à ce que le bout de son arme se décale de ma chair, et c'est à ce moment-là que j'ai décidé de balancer ma tête en arrière en plein dans son nez. Étant un homme prévisible, il s'est énervé et a ainsi commencé à me donner des coups, mais cela a fait en sorte qu'il ne m'emmène pas trop loin et qu'on ne sorte pas du bâtiment, afin de laisser du temps à K pour, je l'espère, me retrouver.

J'ai mal aux yeux, rougis par les nombreuses larmes qui ont coulé. Ma tête me fait mal, très mal, sûrement dû premièrement à son arme qui s'est heurtée très souvent contre ma tête et deuxièmement, parce que je lutte de toutes mes forces pour ne pas m'évanouir. Étant sujette aux crises d'angoisse, cette situation me replonge à ce fameux soir de la mort de Jules, encore une fois. Alors j'essaie de respirer comme je peux, de compter mes doigts, de décoller mes faux ongles mis pour l'occasion, de me focaliser sur tout et n'importe quoi pour rester consciente.

D'un coup, une détonation surgit et je ferme les yeux instinctivement. Je refuse d'assister à quoi que ce soit, mon cerveau souhaite se protéger et mon cœur être épargné.

De toute manière, depuis le dernier coup qu'il m'a mis, je n'arrive pas à me relever, je reste assise contre ce mur sans avoir la possibilité de bouger. Les détonations fusent, provoquant un sifflement sourd dans mes oreilles me perforant le crâne, alors je place mes mains de chaque côté de ma tête et essaie de chantonner. Je chante la chanson que ma mère me chantait pour me bercer quand j'étais plus jeune, une époque où rien sur cette planète ne pouvait m'atteindre, où elle me protégeait encore du monde entier.

Ma tête sur mes genoux, je regarde le sol et une fumée grise commence à m'envelopper, j'ai instantanément l'impression que mes poumons sont comprimés dans ma cage thoracique. Je commence à ne pouvoir qu'inspirer des petits fragments d'air, accélérant les battements de mon cœur et provoquant une nouvelle vague de larmes qui dévalent mes joues, en sentant la panique prendre possession entière de mon corps.