REBIRTH ISLAND {DARKROMANCE}

CHAPITRE V

NOVA

Quatre ans avant.

—Maman, je suis rentrée ! hurlé-je après avoir fermé la porte d'entrée derrière moi.

Je pose mes clés sur le petit buffet et me dirige comme à mon habitude dans la chambre de ma mère au fond du couloir. Allongée sur son lit, la télé en bruit de fond, elle me fait l'un de ses sourires crispés qu'elle fait toujours quand quelque chose ne va pas.

— Mama, tu vas bien ? demandé-je en lui embrassant la joue.

Elle acquiesce d'un faible mouvement de tête et fixe un point derrière moi.

Val, de son vrai nom Valérien, mon frère, se tient derrière moi, avec ses vingt centimètres de plus que moi, il me dépasse d'une tête. Ce n'est pas difficile d'être plus grand, je fais à peine 1m60.

— Salut !

Je me retourne pour lui faire face, il est planté dans l'embrasure de la porte, visage fermé, les yeux bloqués sur moi, il ne me répond pas. Derrière moi, ma mère n'a pas encore prononcé un mot et pour cause, c'est parce qu'il est là. Val lui fait peur, car depuis quelque temps, il a changé. De mon côté, je suis persuadée qu'il fait sa crise d'adolescence tardivement.

Sans même m'occuper de lui, je sors mon téléphone de mon sac pour envoyer un message à mon petit copain, Jules, afin de le prévenir que je suis bien rentrée chez moi.

— J'ai une question pour toi Nova, prononce mon frère en brisant le silence glacial qui régnait depuis quelques minutes.

— Je t'écoute, affirmé-je, en ne lâchant pas mon téléphone des yeux.

Il brise les quelques mètres qui nous séparent et se rapproche un peu plus de moi, sentant l'ombre de sa carrure juste au-dessus de ma tête. Ma respiration devient plus silencieuse, les battements de mon cœur un peu plus rapides, je me prépare à toute éventualité, comme à chaque fois avec lui.

Je pose mon téléphone sur le bord du lit et lui souris, du mieux que je le peux, il est hors de question qu'il ait le dessus sur moi en plus de ma mère.

— Tu te rappelles la fois où je t'ai fait la promesse de te mettre en sang ? me demande-t-il les yeux rivés au mien, un faible sourire qui orne le coin droit de ses lèvres.

— Euh non, je devrais ?

— Ce jour est arrivé, me dit-il en réduisant une nouvelle fois la distance entre nous, les bras croisés sur sa poitrine.

Un petit rire sort de ma bouche, ne lâchant pas son regard. J'essaie tant bien que mal de cacher mon anxiété en enfonçant mes ongles dans la paume de ma main. Il ne faut pas que je lui montre qu'il a une quelconque influence sur ma personne.

— Tape-moi, m'ordonne-t-il.

— Je ne vais pas te taper, Val.

— Si tu me tapes, je vais pouvoir le faire à mon tour, ça sera plus simple, rajoute-t-il, un rictus au coin des lèvres.

Je pivote afin d'adresser un regard à ma mère, cherchant la moindre petite aide. Cependant, comme à son habitude, ses yeux scrutent l'écran plat comme si sa vie en dépendait, elle ne fera rien pour moi, elle est terrorisée.