REBIRTH ISLAND {DARKROMANCE}

CHAPITRE VI

TW: certaines scènes peuvent heurter la sensibilité de certains, meurtres, sang, violence, langage grossier.

N1811.

Trois semaines avant.

— Quelque chose est en préparation, un des membres du gouvernement est venu à la prison pour discuter.

— Putain, ne me fais pas perdre mon temps, ils ont parlé de quoi Mat, soufflé-je face à l'urinoir, en remontant la braguette de ma combinaison rouge, signe distinct des prisonniers de catégorie 3.

Bien que j'aie l'habitude de voir des bites quotidiennement, celle de Mat est celle que je vois le plus. Nous nous donnons rendez-vous assez régulièrement dans les chiottes en heure de promenade. Engagé par la prison comme surveillant pénitentiaire depuis trois mois, je l'ai tout de suite reconnu. Nous avons fait équipe pour un trafic il y a quelques années, je ne peux pas le considérer comme un ami, je n'en ai pas, c'est plutôt un informateur, un bon clébard qui m'apporte des informations.

— Nettoie ces putains de chiottes, N1811 ! hurle Mat pour que notre présence ici soit la plus crédible lorsqu'un autre maton passe devant nous.

Les mains serrées sur le manche à balai, reflétant mes phalanges devenues blanches face à l'énervement, j'ai horreur de recevoir des ordres.

— Maintenant, dis-moi ce qu'ils se sont dit et vite, avant que je t'enfonce ce putain de balai dans le cul.

— Ils cherchent dix prisonniers pour une étude de cas, apparemment le gouvernement veut faire de la place dans les prisons et donc, mettre en place une phase test en Amérique du Sud.

— En quoi consiste cette étude de merde ?

Mat lève son sourcil droit et un sourire s'élargit sur ses lèvres. J'ai envie de lui enfoncer les yeux à ce bâtard, mais ici, je ne suis pas en position de force et ça, il le sait parfaitement.

— Je vais demander à te verser 5000 $ en prime si tu ouvres ta gueule de suite ! Et ne joue pas avec ma patience, ici, je ne peux rien faire, mais le jour où je sors, tu es mort, lui dis-je avec un sourire à mon tour qui lui fait reprendre son sérieux.

C'est très facile d'avoir un téléphone en cellule, tu as juste à faire quelques échanges de bon procédé et tu as un téléphone intraçable dans les mains deux heures après. Le monde est devenu bien trop corrompu. Tout s'achetait déjà avec quelques billets il y a cent cinquante ans, alors en 2200, là où règne l'anarchie, avec un mec au pouvoir élu via les réseaux, pas plus âgé que moi et complètement détraqué avec la génération actuelle, tout est possible.

Mat s'allume une clope face à moi, les prisonniers n'y ont pas le droit, mais les matons si, d'autant plus si c'est pour narguer les détenus qui sont accros à cette merde. Le petit con sait ce qu'il fait, il n'a pas aimé mon affront, ce qui m'arrache un autre sourire.

Pathétique.

— Ils recherchent dix prisonniers de catégorie 3 pour s'entretuer sur une île, lâche-t-il en recrachant une latte de fumée.

— Je veux en être, lancé-je sans même réfléchir.

— Tu ne vas pas aller là-bas, c'est du suicide K.