CHAPITRE XIV

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TW: certaines scènes peuvent heurter la sensibilité de certains, meurtres, sang, violence, langage grossier, torture...

N1811 - 16 ANS

Souvenirs. Année 2188.

Il est minuit trente-trois. Papa, maman et Kaylin dorment profondément. Je me dirige dans la chambre de Kevlon en faisant attention à ne pas faire le moindre bruit. S'ils apprennent que j'y étais, ils le puniront en prétextant qu'il serait venus me chercher.

Je prends la clé volée dans la commode de papa et maman, et l'enfonce dans la serrure en faisant attention une nouvelle fois à ne réveiller personne.

En entrant, j'aperçois sa silhouette par terre, recroquevillée. La pièce est minuscule et ressemble à un débarras. Le sol est sale et il n'y a pas de fenêtres. Pour couronner le tout, une odeur nauséabonde agresse mes narines, elle vient de cette boîte dans un coin, dans laquelle il fait ses besoins. Jusqu'a maintenant je ne suis jamais venu ici, ils me l'interdisent, puis je ne pouvais pas entrer, ils la ferment à clé pour qu'il évite de sortir. Jusque-là, je n'ai pas désobéi pour la simple raison que je ne suis qu'un lâche, mais aujourd'hui je voulais aller le voir.

Pathétique.

Il relève la tête dans ma direction, à moitié réveillé, et un voile de peur traverse ses iris. Il recule jusqu'à heurter le mur tout près de lui.

Je-je ne veux pas lui faire peur.

Kieron, tu es pathétique.

Pathétique.

Pathétique.

Il a fêté son anniversaire hier, il a eu douze ans, les autres l'ont ignoré en mangeant SON gâteau devant lui sans lui en donner. Moi, j'y ai pensé, alors après le repas, je me suis dirigé vers la cuisine quand tout le monde était occupé pour voler un bout de gâteau. Si maman demande pourquoi il a disparu, je répondrais que j'avais faim, je serais puni, certes, mais bien moins que lui.

— Je t'apporte du gâteau, lancé-je.

— Je-je n'en v-veux pas.

Je remarque que pour douze ans, sa voix est grave, je n'ai jamais pu l'entendre réellement, car il ne parle jamais, il n'a pas le droit. Je sais qu'il refuse mon gâteau simplement parce qu'il a peur des répercussions qu'il pourrait avoir.

En me rapprochant de lui, il se recule une nouvelle fois, mais finit par être bloqué par le mur derrière lui.

Grâce à une toute petite veilleuse de couleur rouge, je peux apercevoir ses émotions et, malheureusement, je remarque aussi qu'il a beaucoup moins de cheveux, car ma mère s'amuse à lui en arracher. Qu'il y a des trous un peu partout sur sa peau, à cause de mon père qui lui injecte des gouttes d'acide avec une seringue. Il veut faire des expériences sur lui, comme un pauvre rat de laboratoire.

Mes poings se resserrent et j'ancre mon regard au sien, qu'il baisse instantanément.

Quand je le regarde, j'ai envie de retourner tout droit dans ma chambre et de sauter par ma fenêtre pour me punir d'avoir laissé mes parents lui faire ça.

Inconsciemment, toutes les fois où je me forçais à assister à ses punitions qu'il ne méritait pas, c'était pour me punir moi. Pour me répéter des tonnes de fois à quel point j'étais quelqu'un de pathétique.

REBIRTH ISLAND {DARKROMANCE} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant