CHAPITRE XL

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NOVA

Quelques jours plus tard.

14h.

Ce matin, j'ai rendu visite à ma mère ça m'a fait un bien fou de la voir, surtout pour me sortir de ce quotidien trop pesant. Je souhaite passer de temps en temps, quand les deux frères ne sont pas derrière moi. J'ai dû tenir tête au taré ce matin pour qu'il puisse me laisser aller la voir et qu'il ne me piste pas comme un psychopathe, parce que monsieur a une nouvelle fois décrété, -comme les jours précédents-, que je ne suis pas assez en forme pour sortir. Je ne pouvais plus rester enfermée dans cette maison, dans leur maison. La tension règne la plupart du temps entre les deux frères et, quand j'essaie d'arranger les choses, j'ai l'impression qu'ils sont enfin d'accord tous les deux pour en vouloir à une nouvelle personne.

Pour les retrouvailles avec ma mère, nous avons beaucoup discuté de tout et de rien et je lui ai fait croire que j'étais en colocation avec April sur le campus, tout cela pour cacher la vérité comme je peux. Encore une fois, j'ai cru que je pouvais avoir de la chance qu'elle ne tombe pas sur l'interview, mais ma tante l'a appelée, décidant de prendre la responsabilité à ma place apparemment, il y a quelque temps, en lui hurlant dessus et en prétextant qu'elle avait du mal avec l'éducation de ses enfants. Alors, aujourd'hui, pour la première fois, je me suis exprimée face à elle d'un ton ferme, chose que je n'ai jamais faite depuis plusieurs années, pour éviter le plus possible qu'elle puisse sombrer un peu plus dans la dépression. J'ai esquivé certaines conversations, certaines prises de position, ou encore, de sortir, de profiter de mon adolescence et j'en passe. Tout ça pour qu'elle évite de retourner chez le psychiatre qui lui aurait donné un médicament de plus pour compléter la collection qu'elle a déjà dans ses piluliers.

Je lui ai fait comprendre qu'il valait mieux qu'elle accepte la situation, sinon je romprais notre relation mère-fille, du moins ce qu'il peut en rester depuis tout ce qu'il s'est passé. Agir en fonction de ma mère, ce n'est plus possible pour moi. Se mettre de côté pour sauver ma mère, ce n'est plus acceptable. Subir l'état émotionnel de ma mère sans qu'elle ne prenne en compte le mien est intolérable.

J'ai besoin de puiser dans mes ressources d'énergie pour moi actuellement, je n'aurais pas la force de la partager. Pour cause, ça fait maintenant trois semaines que je me suis fait kidnapper et quelques jours à peine que j'ai failli me faire tuer une nouvelle fois, alors j'essaie tant bien que mal de passer au-dessus, mais ça reste extrêmement difficile. Les angoisses et les cauchemars sont revenus à vitesse grand V, j'essaie de le cacher au maximum en pleurant sous la douche ou bien en étouffant mes sanglots dans mon oreiller, mais cela reste compliqué. Surtout depuis que j'ai exigé de retourner dans la chambre d'ami et ainsi, déserter la chambre de K, ce qui en passant a mis en colère le psychopathe.

Kevlon a fini par m'entendre il y a deux jours, me retrouvant en boule sous la couette, les yeux baignés de larmes. Il s'est simplement allongé à côté de moi, me collant à lui. Ses bras autour de ma taille et son souffle se répercutant dans mon cou auraient dû me faire du bien, mais cela n'a rien apaisé, bien au contraire, mon cerveau m'a directement envoyé un flash-back du lendemain de cette soirée chaotique. Ce fameux matin où j'ai quitté le lit et la chambre de l'autre taré. Je ne me souvenais plus de rien à part quelque bribes de notre retour à la maison, de la confrontation entre Kev et lui, enfin je crois. Ce dont je suis persuadée, ce sont ses doigts qui ont parcouru mon corps à moitié nu, me faisant sentir parfaitement à ma place, apaisant les battements de mon cœur bien trop rapides et ma respiration désastreuse.

Parce que mon corps savait qu'avec lui, il ne lui arriverait plus rien.

J'ai aussi l'impression que mon cerveau est actuellement dans un entre-deux, que tout ce mélange dans ma tête me ramène parfois à l'époque de la mort de Jules. Je lutte constamment pour ne pas laisser mes émotions prendre le dessus, j'essaie au maximum de relativiser et me rassure en me disant que les deux frères font partie intégrante de ma vie. Que l'un d'eux se trouve être un meurtrier extrêmement dangereux et qu'il m'a promis de me protéger. Mais suis-je une enfant pour croire encore aux promesses dites sûrement pour me rassurer sur un moment propice ?

REBIRTH ISLAND {DARKROMANCE} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant