CHAPITRE IV

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N1811.

16h.

Je repasse mes mains sous l'eau et les dirige vers ma bouche afin de boire une nouvelle fois. De ma main droite, je replace mes cheveux, devenus gras depuis trois jours maintenant, et replace ma casquette sur ma tête. Avec le clébard qui me sert "d'allié", nous venons de trouver le puits et en profitons pour nous réhydrater. Nous n'avons eu aucune carte pour nous guider, sinon ça aurait été trop facile. J'ai intérêt à faire marcher mon putain de cerveau et avoir un sens de l'orientation impeccable pour me souvenir de ce trajet de merde. Parce que je sais que le but de tout ça, c'est de nous laisser crever.

Il faut se la jouer stratégique maintenant, l'autre con m'a fait perdre de vue mon objectif, en m'incitant à lâcher le prisonnier hier, il a mis en avant mon instinct de chasseur, il m'a eu comme un putain d'âne avec sa carotte.

Et s'ils faisaient alliance tous les deux, s'ils voulaient me berner ?

M'achèveront-ils ensemble ?

Pathétique.

Les bruits incessants de mon ventre me font perdre la tête, je manque de concentration, parce que je n'ai rien mangé depuis à peu près trois jours. Le dernier repas qu'il m'a été donné, c'est dans ma cellule, le jour précédant mon arrivée sur cette île. Quatre patates à l'eau et un steak haché très cuit, que je pourrais même comparer à de la semelle de chaussure. Moi qui me plaignais de la bouffe en taule, j'en rêve aujourd'hui.

Je manque aussi de sommeil, j'en ai marre, je ferme à peine un œil pour pouvoir le surveiller, je ne lui fais pas confiance. Ce n'est pas mon délire de me faire crever comme une putain de merde pendant mon sommeil.

J'ai beau avoir tué, être un parfait psychopathe, mais je ne me sens pas en sécurité et en même temps, qui se sentirait en sécurité sur une île avec neuf détenus complètements malades ?

Je suis complètement taré et généralement, on attire ce qu'on est, alors même si le gros lourd à côté me lèche le cul pour l'instant, je sais qu'il le fait en espérant avoir un retour. Et malheureusement pour lui, il n'aura rien du tout de ma part, j'suis pas un putain de père Noël.

— Il faudrait penser à trouver à manger, on ne tiendra pas longtemps sinon.

Merci Einstein.

Mafieux et pas capable de se débrouiller tout seul ?

Pathétique.

20h.

La nuit vient de se lever, la lune est assez haute pour nous permettre d'avoir de la luminosité. On crève encore la dalle. Il n'y a rien de mangeable dans cette forêt. À part voir des tonnes de plantes, il n'y a rien d'autre. Nous n'avons absolument rien trouvé à manger et je ne me risquerai pas à graille ces petites boules rouges perchées sur un arbre qui fait la moitié de ma taille.

Actuellement, on arpente un sentier en espérant que nous puissions trouver à manger, mais qui, je le sais, va nous mener une nouvelle fois sur la plage, cette putain de plage qu'on voit quotidiennement.

Expire, inspire, sinon tu vas devenir fou.

Le mafieux s'arrête et pose son index sur sa bouche pour m'inciter à ne faire aucun bruit. Je m'accroupis et essaie d'entendre le moindre son. Je perçois seulement le vent plus fort et le bruit des vagues qui me permettent de déduire que nous sommes près d'une plage. Je pivote mon pied à gauche et fais craquer une branche, ce qui provoque du mouvement dans les buissons d'en face.

REBIRTH ISLAND {DARKROMANCE} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant