10. Écrire comme seul but

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Eleanore

Trois semaines plus tard, le premier lundi du mois de mai, 7h30 :

Je sortis de ma douche. J'avais encore fait un rêve éveillé et torride avec Aaron. Cette situation n'était plus possible, voilà que mon corps me réveillait de bonne heure pour ça. Heureusement que l'écriture de mon livre était presque terminée. J'avais bouclé le premier jet en un temps record, il m'avait fallu uniquement une semaine pour écrire cette romance.

Depuis je passais mes journées à la relire en apportant sans cesse des modifications. Je ne pouvais pas livrer un manuscrit brut de décoffrage, il fallait le peaufiné en permanence. Charlie venait à peine de faire la promotion de sa future sortie sur les différents réseaux sociaux que mes lecteurs m'envoyaient déjà des messages d'impatience. Je ne voulais surtout pas les décevoir.

Ce livre était étonnamment attendu, ce qui augmentait mon stress en permanence. Il ne s'agissait pas d'une fiction de plus, cette fois j'allais exposer un peu de mon histoire. J'étais anxieuses à l'idée de me confronter aux jugements des critiques littéraires et de mes lecteurs.

Ils n'avaient pas toujours été tendre avec moi, me qualifiant souvent « d'autrice libertine aux mœurs plus que douteuses qui devrait se retrouver dans la case des Arlequins médiocres et non dans le genre romance ». Je n'avais jamais compris d'ailleurs pourquoi une romance ne pouvais pas être aussi excitante qu'animée d'un espoir d'amour.

De nos jours, il n'était plus à prouver que sentiments et sexe étaient indissociables. Il n'existait plus ce temps où on relatait pendant des dizaines de pages l'engouement d'un simple baiser chaste, cela ne faisait plus rêver. Nous, les femmes modernes, voulions tout. Surtout un homme qui nous fasse perdre la tête une fois sous les draps en se transformant en amant indomptable. Alors si en plus il était adorable, protecteur et qu'il affichait ouvertement ses sentiments, là c'était le jackpot.

Jusqu'à présent, j'étais passé au-dessus de tous ces retours négatifs à mon sujet. Etant donné que ma vie sexuelle avait été à l'opposé de mes héroïnes, je ne m'étais pas sentis spécialement visée. Cette fois c'était différent, cette histoire me tenait véritablement à cœur.

Je m'étais endormis hier soir en retouchant quelques chapitres succinctement à la suite des dernières remarques que m'avait transmis Charlie. Elle avait l'oeil pour repérer ce qui pouvait clocher dans une histoire. J'aimais beaucoup ses critiques qui étaient constructives et pleines de sens pour moi.

J'espérais seulement que ce seraient les dernières modifications. J'avais hâte que ce livre soit publié pour passer à autre chose et oublier Aaron une bonne fois pour toute. Mon état mental était en péril. J'oscillais entre des phases de nostalgie aigüe quand je ressentais le vide en moi qu'il avait laissé et qui refusait de disparaître depuis trois semaines. Et des phases d'excitation, quand je repensais ou que je relisais tout ce qui c'était passé entre nous.

Encore hier soir pendant ma relecture, j'avais dû me retenir de ne pas laisser mon corps dominer mes actes. Apparemment j'avais lamentablement échoué, puisqu'au petit matin le souvenir des caresses d'Aaron m'avait réveillé. Je m'étais rendu compte que c'étaient surtout mes mains qui me caressaient pendant mon doux songe.

Traître de corps tu vas me le payer. Finis, nada, terminé. Je t'annonce qu'une fois ce livre dans les kiosques, ce sera ceinture pour toi !

J'entendis mon téléphone sonner alors que je finissais de m'habiller. Je courus jusqu'à la cuisine où je l'avais laissé pour répondre à une visio avec Charlie.

-- Salut Cha, fis-je essoufflée

-- Salut Ele, tu es bien matinale, déclara-t-elle assise derrière son bureau.

La Proposition (Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant