11. Assouvir sa curiosité

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Aaron

Une heure plus tard et quelques quartiers plus loin :

Je marchai en direction de chez moi. La semaine dernière j'avais signé l'acte de vente d'un loft déjà entièrement meublé dans le quartier de Mayfair que j'avais financé avec une partie mes économies.

J'avais dans la foulée quitté mon Airbnb, ainsi que vidé et installé les affaires que contenaient mes deux valises dans mon nouveau chez moi. Ma mère m'avait fait livrer l'équivalent d'une garde-robe de ministre ainsi que des coussins en plus de divers objets de décoration auxquelles je ne trouvais aucune utilité.

J'avais rangé tous les colis dans le fond du dressing, je n'y avais pas touché. Je voulais prendre mes marques dans mon nouvel environnement. Je souhaitais qu'il me ressemble pour une fois : un style moderne avec un petit côté japonisant. Je n'avais pas trouvé le courage non plus de tout lui renvoyer pour ne pas la blesser, alors je m'étais contenté de les laisser en stand-by.

Je ne l'avais pas revu depuis l'histoire du brunch auquel je n'avais pas assisté. Elle m'appelait plusieurs fois par semaines mais j'évitais de lui répondre. Je ne savais pas quoi lui dire, je ne comprenais toujours pas comment elle faisait pour supporter cet homme.

Je passai devant la vitrine d'une librairie qui était au coin de ma rue. Je vis automatiquement le visage d'Eleanore me sourire. Je décidai d'y entrer. Je ne savais pas ce que je cherchais mais je trouverais forcément une fois dedans. Une vieille sonnette retentit quand j'ouvris la porte. Un homme d'une cinquantaine d'années me salua. Je parcourus les rangées de livres en laissant courir mes yeux sur les différentes reliures.

-- Vous recherchez quelque chose en particulier ? me demanda le libraire en arrivant près de moi.

-- Non, lui répondis-je en souriant. Quoi qu'en fait... je ne sais pas... je cherche une autrice.

-- Dites-moi de qui il s'agit, m'encouragea-t-il.

-- Eleanore Fitzgibon.

-- Ça ne me dit rien comme ça, reprit-il songeur. Vous la connaissez ?

Oh oui intimement même, son corps nu s'est retrouvé plusieurs fois sur moi.

-- Non pas vraiment, j'en ai seulement entendu parler au détour d'une conversation. J'étais curieux de découvrir ce qu'elle faisait, voilà tout.

-- Attendez ici, déclara-t-il avant de partir et de me laisser au milieu des étagères.

Mes yeux reprirent leur exploration. Je revis son visage, ses cheveux retomber en cascade le long de ses épaules. Depuis cette nuit-là, je pensais souvent à elle. Je n'arrivais pas à me la sortir de la tête, elle m'obsédait en permanence.

J'avais réussi à la retrouver sur les réseaux sociaux grâce aux amis de l'université qu'elle avait en commun avec Alister. J'avais mis plusieurs jours avant de tomber enfin sur son profil que j'avais épluché pendant des heures. Elle ne postait que des photos des couvertures de ses livres ainsi que des vieilles babioles qu'elle trouvait en fouinant chez les brocanteurs de Camden, si je m'en referais à ses légendes.

Il n'y avait qu'une seule photo d'elle, celle de son profil. Elle était dans une prairie à côté d'un cheval qu'elle caressait en souriant, les cheveux au vent. La photo avait dû être prise sans qu'elle le sache car elle semblait naturelle. Elle n'avait pas l'air d'avoir dû poser pour l'objectif.

-- C'est votre jour de chance, me lança le libraire en revenant. Il me reste un exemplaire de son dernier roman. Je comprends mieux pourquoi son nom ne me disait rien.

La Proposition (Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant