La Proposition (Correction)

22. Clôturer un chapitre de sa vie et refuser l'évidence

Aaron

Dans un pub au beau milieu de la City, tard le soir :

-- Et maintenant tu vas faire quoi ? me demanda Chris.

-- Je n'en sais rien, répondis-je avant de boire une gorgée de ma pinte.

-- Tu ne vas pas repartir ?

-- Il n'y a rien qui me retient ici alors pourquoi pas, fis-je en reprenant une autre gorgée.

-- Déjà c'est sympa pour les copains, déclara-t-il légèrement vexé. Et puis tu fais en sorte qu'il n'y ait rien qui te retiennes où que tu sois. Jusqu'à éviter toute relation avec les femmes. T'en as pas marre d'être seul ?

Il vaut mieux rester seul que de vivre avec des personnes qui vous font du mal. Ma mère en est la preuve vivante.

Je ne relevai pas en continuant de boire ma bière. J'en avais déjà bu pas mal, l'alcool commençait seulement à me chauffer. Normalement je n'aurais pas dû voir Chris cette semaine. Mais il était monté à ma demande cette après-midi pour m'aider à quitter Neill Compagnie sans donner la possibilité à Duncan de me tenir par les couilles comme il l'avait fait jusqu'à présent ou de se retourner contre moi.

J'avais fait fi de sa menace qui incluait ma mère, comme de tout le reste. Ce matin pendant mon altercation avec le mur de ma douche, j'avais pris la décision de donner ma démission en versant des indemnités compensatoires rocambolesques. Les mêmes que Tom avait réussi à obtenir pour moi il y avait un peu moins de deux mois.

Comme quoi, tout est vraiment une question d'argent avec lui.

Duncan les avait exagéré en pensant que je ne serais pas en mesure de les lui verser. Il ne s'attendait pas à ce que je réussisse à réunir les fonds pour quitter cette entreprise. Il ne m'avait pas cru capable de m'en sortir par mes propres moyens. Au moins aujourd'hui il avait peut-être pris conscience que je ne plaisantais pas quand je disais n'en avoir rien à foutre de son fric et de lui.

Pour ce faire, j'avais accepté la proposition de Chris. Dans la foulée il m'avait avancé l'argent qui me manquait. Il avait aussi réglé tout le côté administratif et légale de cette transaction. Ce mec était vraiment une perle. J'étais à présent déposséder de toutes mes économies, en plus d'avoir contracté une dette envers mon seul et véritable ami.

Alister et tante Ellen avaient passé toute la journée à essayer de me contacter mais j'avais tout bonnement ignoré leur appel. Il ne me restait plus qu'à attendre le retour de la RH donc de Duncan pour être enfin libéré du poids de cette famille et de cet empire familial.

Nous avions décidé de venir dans ce pub pour fêter cette grande nouvelle mais de mon côté le coeur ni était pas. Pour la première fois de mon existence j'étais fauché, et sans perspective professionnel. À laquelle j'allais devoir remédier rapidement pour pouvoir rembourser Chris le plus vite possible.

C'était une grande première pour le l'obsédé de travail que j'étais. Hormis l'aspect financier, je savais que je ne pourrais pas rester sans boulot, au risque de devenir fou à tourner en rond sans rien faire. Je n'avais jamais dû me soucier du manque d'argent. Tout comme je n'avais jamais dû réellement réfléchir à ce que je souhaitais faire de ma vie étant donné que celle-ci avait été toute tracée dès ma naissance.

-- Je t'en parle parce que Tom est remonté après toi, poursuivit-il. Il m'a envoyé un message cet aprèm qui contenait juste "Ton pote Aaron est un gros connard !!!".

-- Ça a le mérite d'être claire, ricanai-je amèrement.

-- Je ne t'ai jamais rien demandé auparavant, mais qu'est ce qui se passe exactement avec Eleanore ?