La Proposition (Correction)

30. Se confier et commencer à s'aimer

Eleanore

Il était endormi depuis un bon moment déjà. Je l'entendais ronronner contre moi dans son sommeil. J'adorais ce son. Je me rendis compte qu'il m'avait manqué autant que lui cette semaine. Je décidai de le laisser se reposer. Je me dégageai de lui le plus discrètement possible pour ne pas le réveiller.

Arrivée dans l'embrasure de la porte de sa chambre, je me retournai vers lui pour admirer son corps nu une dernière fois avant de rejoindre la salle de bain. Je le trouvai de plus en plus beau. Plus je passais du temps auprès de lui et plus je m'entichais de cet homme.

Il venait de se montrer vulnérable en m'avouant une partie de lui qui devait le mettre mal à l'aise. Comme quoi même le plus beau des Adonis avait aussi son talon d'Achille. Pour cet homme aussi sûr de lui, c'était un passé sexuel difficile. Comment cette Dorothée avait-elle pu se moquer de lui ?

Il m'avait tellement touché en partageant sa faiblesse avec moi que j'avais été incapable de retenir mes larmes pour lui. Je m'en fichais bien qu'il ne fasse pas durer chacune de nos parties de jambes en l'air des heures. Je n'étais moi-même pas une marathonienne dans ce domaine. J'avais toujours été plus du genre sprinteuse, à tout donner sur une courte durée, c'était tellement plus intense comme ça.

Et puis je n'avais jamais attendu de lui qu'il nous fasse faire un remake d'un très mauvais film porno. Je savais que dans la vraie vie cela ne passait pas comme ça. Qui pouvait tenir aussi longtemps sans laisser son propre plaisir se déverser sans retenue ? Quand c'était extraordinaire, et c'est ce que c'était entre nous, l'orgasme ne pouvait que jaillir rapidement.

Je me faufilai sous la douche en savourant l'eau tiède qui coulait sur mon corps. J'entrepris de sentir les deux seuls flacons qui étaient présents : un gel douche et un shampoing pour homme qui lui donnaient son odeur boisé et poivré. Celle-là même qui m'enivrait tant. Je les utilisai pour me laver en emplissant la salle de bain de cette odeur qui changeait du monoï de mon propre gel douche.

Je chantonnai en faisant mousser les produits sur ma peau quand je sentis ses mains m'attraper, ce qui me fit sursauter. Il m'enlaça en restant derrière moi. Il parsema des petits baisers le long de mon cou en se collant à mon corps.

-- Tu t'es encore sauvée, m'accusa-t-il de sa voix ensommeillée et rauque.

-- Tu dormais si bien que je n'ai pas voulu te réveiller, répondis-je en lui mettant de la mousse sur son nez qui venait de se matérialiser à côté de ma joue.

Il prit la mousse qui était encore sur mon ventre. Il se recula de moi pour se laver lui aussi. Je me retournai pour le regarder faire en salivant. Je ne pouvais pas décrocher mes yeux de son corps de rêve, il était si beau.

-- Le spectacle est à ton goût ? sourit-il en relevant la tête vers moi.

-- Et bien ça manque un peu de mise en scène mais pour un amateur c'est déjà pas mal, gloussai-je en finissant moi aussi de me laver.

-- Montres-moi comment faire dans ce cas.

Il s'arrêta. Il me regarda avec un petit air aguicheur. Je déglutis en m'autoflagellant intérieurement pour ma repartie merdique.

J'aurais dû me taire, maintenant je suis dans la mouise. Comment je vais me sortir de là ? J'ai la grâce d'un éléphant ajouté au sex-appeal d'un loup de mer.

-- Je vais être ridicule, lâchai-je tout bas.

-- Ferme les yeux, reprit-il de son ton le plus sexy. Continues de te laver en essayant de me chauffer.