The Milky Way [All Star Series #1]

01 | Tourner la page

Raven
Veille de la rentrée,
Los Angeles,

La maison d'Ayden Ross a toujours été l'endroit de tous les vices, le lieu de mille et une fêtes aux débordements tous plus rocambolesque les unes que les autres. Pourtant, ça ne nous empêche pas de mettre un pied dans cette demeure démesurée aux étages toujours plus nombreux à chaque fois qu'une « party » est annoncée. Le Spring Break touchant à sa fin pour laisser les cours reprendre leur place, l'équipe de basket-ball se devait de terminer ces vacances en beauté avec la fête du siècle. Enfin ça, ça dépend de quel point de vue, on se place.

C'est ennuyant à mourir.

De là où je suis, je ne vois qu'une foule qui se colle et valse dans la sueur et les verres d'alcool. Les effluves de parfum se mélangent dans la salle déjà enfumée par les rejets des différentes cigarettes électroniques tandis que les enceintes se mettent à cracher la musique dans un bruit sourd rendant presque imperceptible la compréhension des paroles. La piste de danse est prise d'assaut par les trois quarts des couples alcoolisés laissant leur corps vagabonder à des désirs bien plus sombres qui feraient mieux d'être réalisé à l'écart des yeux trop aventureux. Je délaisse la foule pour plonger mon regard dans le liquide transparent qui m'attend, je réfléchis vaguement à ce que je fous ici. T'es vraiment tombé si bas ma pauvre, venir frôler la crise d'angoisse alors que tu sais pertinemment que vous vous reverrez demain.

Assise recluse près du bar, le cul sur un tabouret en bois bon marché qui me laissera sûrement des courbatures, je ne souhaite qu'une chose, rentrer chez moi pour regarder un film sous la couette, supplément glace et chocolat. Pourtant, je suis bel et bien là. Le regard qui divague cherchant inconsciemment l'être pour lequel je suis venue ici.

Pathétique. Stupide

Bien décidée à me faire apprécier les quelques heures passées dans cette fête qui me paraît interminable, Cameron fait glisser un shot de vodka sur le comptoir et jette mon ancien verre ce qui lui vaut une remarque de ma part. La couleur jaunâtre du cocktail me laisse perplexe, mais je bois le contenu cul-sec avant de déglutir lorsque l'acidité s'écoule dans ma gorge la brûlant au passage. Mes yeux me piquent. Des larmes sauvages s'écoulent et je rigole comme une adolescente en manque d'adrénaline.

Douce caresse amère aux souvenirs funestes.

– C'est quoi ce goût horrible ? demandé-je en criant par-dessus la musique pour que Cameron puisse m'entendre.

– Du citron ! C'est le barman qui m'a conseillé d'essayer et j'affirme que c'est un échec complet. Je suis sûre qu'il est poisson. C'est bien connu, il a mytho pour faire l'intéressant mais finalement, son idée est aussi dégueulasse que sa chemise à cœur bleu, crie ma meilleure amie avec une grimace qui m'arrache un sourire.

Cameron Harper, un mètre soixante-cinq de caractère bien trempé entre un bélier et un sagittaire. Le tout entremêlé d'une chevelure orange semblable à un brasier avec une obsession dévorante pour les signes astrologiques alors qu'elle-même ne correspond pas pleinement au sien. Une bouche en cœur tandis que le sien est figé sous une tonne de glace, des pommettes rehaussées qui lui donnent cet air de poupée. Elle est mon âme jumelle dans ce monde empli de cruauté, la seule à qui je puisse encore combler mes tourments dans des conversations qui n'ont parfois même pas besoin de mots. Nos yeux parlent de notre douleur pour ces sentiments aussi beaux que fastidieux.