The Milky Way [All Star Series #1]

16 | Les Tar Heels de Caroline du Nord

Raven,

– Vous venez voir un ami ? me questionne une dame dont les traits tendus du visage et son chignon tiré à quatre épingles lui confère un air strict.

– Mon petit copain, il fait partie des Bruins, l'équipe adverse, réponds-je dans un sourire poli.

Si je vois qu'elle aimerait continuer de discuter, j'y coupe court en faisant mine de changer de place. J'ai passé la nuit à cogiter. Le corps de Moon collé au mien, sa chaleur a réussi à me maintenir dans un cocon dont je ne voulais plus m'extraire. Et même s'il est parti plus tôt pour un entraînement de dernière minute, il n'a pas quitté la chambre sans me déposer un tendre baiser sur le front.

J'ai pris mon temps pour me préparer et continuer de réfléchir à ce rapprochement soudain. Comme si les paroles de Will avaient fait l'effet d'un électrochoc, j'ai l'impression qu'il se laisse un peu plus aller à l'instinct qu'à la réflexion. Ça me fait peur, non pas parce que j'ai attendu qu'il me remarque une bonne partie de ma vie, mais parce que Ryker est le genre de mec à faire des erreurs à répétition, et je n'ai décidément pas envie d'en faire partie.

Je caresse mes lèvres du bout des doigts en repensant à notre baiser d'hier sous la douche. C'était à la fois tellement intime et intense que j'ai bien failli finir asphyxié par son toucher. Nous étions comme en transe et parler devenait beaucoup plus simple en comparaison à nos discussions précédentes.

Je continue d'observer les gradins se remplir alors que l'annonce du début du match résonne à travers les immenses baffes suspendues de part et d'autre du "PNC ARENA". Les gradins, eux, sont constitués de sièges à l'allure flambant neuf qui contraste avec le sol gris et le parquet lustré du terrain. L'atmosphère est à la fois pesante, mais agréable, on sent la tension que ce match impose et les conséquences qu'il occasionnera. Bien que l'équipe ne joue pas à domicile, certains supporters de UCLA ont fait le déplacement. Je les assimile souvent à ce genre de fans un peu extrêmes, capables de traverser un pays entier pour assister au match de leur équipe préférée. Certains se baladent avec des T-shirts ou du maquillage à l'effigie de notre fac, d'autres optent pour des peluches de notre mascotte ou des petits drapeaux à agiter.

Je serre le petit stick aux couleurs jaune et bleu lorsque le speaker de l'université annonce un décompte de cinq minutes avant l'entrée des joueurs. Cela me rappelle la première fois où j'ai assisté à un des matchs de basket de Moon à la fac. J'étais en apnée lorsque le ballon était entre ses mains, je le voyais exercer sa passion, des étoiles plein les yeux.

Pourtant, je n'ai pas raté cette lueur de déception naître lorsqu'il a inspecté les gradins du stade sans y trouver la personne qu'il espérait tant voir. L'absence de son père l'a toujours beaucoup affecté, et même si leur relation est au point mort. J'imagine que le petit Moon ne désespère pas de voir un jour Monsieur Taylor installer dans un des sièges, être fier de lui. C'est, je pense, ce qui le fait tant se renfermer sur certains sujets, la peur de nouveau être rejeté. Est-ce vraiment étonnant lorsqu'on connaît le personnage ?