The Milky Way [All Star Series #1]

00 | Interlude

William

Trouble. Ma vue est trouble.

Comme fragmenté morceau par morceaux au fil des minutes qui s'entassent pour devenir des heures. Je vide la bouteille de rhum en fixant le terrain devant moi, complètement désert.

L'effervescence du public s'est terminée en un fracas sourd lorsque le dernier spectateur a passé la porte du gymnase et que mon équipe s'est empressée de fuir dans les vestiaires.

J'ai essayé de résister, de me relever. Mais la massue qui m'a abattu était beaucoup plus pesante que je ne le pensais.

Aujourd'hui, je ne suis plus qu'une carcasse dont l'intérieur est imbibé d'alcool à brûler. Prêt à m'enflammer à chaque instant, je laisse couler le liquide le long de ma gorge dans l'espoir d'atténuer la douleur qui cueille mon cœur un peu plus chaque jour.

J'entends la porte claquer et remarque quelqu'un s'avancer sur le parquet. J'alterne les regards entre le ballon qui rebondit et mon meilleur ami qui prend place à mes côtés, les mains sur ses cuisses, faisant mine de réfléchir avant de me lancer un regard bienveillant. Vêtu du blouson des Lakers, j'ai l'impression de le voir s'éloigner tandis que moi, je lui cours après, tentant de le rattraper.

— Tu n'étais pas sobre, n'est-ce pas ? Me demande-t-il d'une voix sans reproche. Je l'ai remarqué pendant votre match.

Pour seule réponse, je brandis mon arme fatale, ma condamnation, avec une peine qui s'écoule aussi lentement que la terre tourne autour du soleil et la lui présente sous le nez.

— Mieux que de la belladone, il suffit d'en boire une goutte pour en devenir accro et si ton connard de corps le supporte, tu deviendras comme moi. Chose à éviter, mon pote. Quand t'es foutu, même le meilleur des psys ne peut rien faire.

— T'es complètement bourré, souffle-t-il. Merde Will...

— Je suis mort de l'intérieur, Ryker, j'erre comme une ombre et je souris comme un fantôme. Tenter la NBA, c'est comme un lointain souvenir qui revient, mais que je n'atteindrai jamais. C'est bien que tu l'aies fait pour nous deux, au moins j'aurais la satisfaction de ne pas être totalement raté. Je souffle. Je suis fatigué, épuisé d'ouvrir les yeux chaque matin, de devoir affronter une journée en sachant pertinemment qu'elle ressemblera aux trois cent soixante-quatre autres. Je deviens méchant, car rien ne va, personne ne comprend, vous ne comprenez jamais rien de toute façon.

Je veux juste oublier,

Qu'on me fiche la paix.

Ouais.

Je veux crever en paix.

C'est trop demandé ?

— On va te sortir de là, je te le promets.

Je jette un regard mauvais à mon ancien coéquipier et termine le reste de la bouteille cul sec.

— La vie est une aubaine, la mort une véritable garce. C'est ce que tu m'avais dit un jour. Et ça tombe bien, j'adore me faire les garces. Qu'elle vienne, je la sauterai une dernière fois et je lui ouvrirai moi-même la porte pour arrêter mon cœur.

Je lui jette un regard avant de secouer la tête et de me relever chancelant.

— Tu ne peux pas comprendre, t'as Raven toi maintenant.

— Mais ça n'a pas été évident. Si tu n'avais pas été là, elle serait sûrement avec un autre et moi, je n'en ai foutrement aucune idée d'où je serais si elle n'était pas avec moi. J'ai trouvé ma bonne étoile grâce à toi et tu trouveras la tienne.

— La mienne a foutu le camp quand elle a vu ma gueule, rigolé-je la gorge qui déraille.

Aider une personne qui ne veut pas l'être est le meilleur moyen de l'envoyer dans la tombe. Si mes amis signent mon arrêt de mort par leur soutien, je me suis déjà enfermé dans le cercueil depuis bien longtemps, prêt à attendre ma sentence.

Divine idylle, chère garce au destin fragile que je dois rencontrer, j'espère au moins que ta répartie sera à la hauteur pour cette dernière danse que tu vas m'accorder. Que mon heure vienne, il est temps de tirer ma révérence.

À suivre dans Love Constellation...

FIN