The Milky Way [All Star Series #1]

09 | Repas de Famille

Ryker,
Chez les Doyle, Maion de Raven,

Après le match, j'ai vite laissé l'effervescence aux vestiaires pour enfiler mon masque de gentil fils bien éduqué, et j'ai bien fait. Car je n'avais pas prévu que Sora balance la nouvelle telle une bombe.

– Vous êtes ensemble ?

Je souris d'une manière beaucoup plus naturelle que ce que j'aurais pensé faire pour affirmer. Lorsque ma mère prend Raven dans ses bras, j'ai le désagréable goût du mensonge qui tente de s'insinuer dans ma gorge. Comme un liquide à l'arrière ton amer qui me fait penser que je regretterai d'avoir agi comme tel à cet instant précis. J'ignore cependant son intervention et accueille avec plaisir la mère de Doyly dans mes bras. Une énorme effusion de joie se répand dans la pièce alors qu'elle et moi nous échangeons des regards emplis de culpabilité mélangée à je ne sais quoi.

Finalement, toute cette effervescence de leur part me pousserait presque à vouloir que ce mensonge devienne réel.

– Je savais qu'un jour, il finirait par craquer, s'enthousiasme ma mère en me pinçant la joue.

Si tu savais maman...

J'ai plutôt craqué pour l'idée de mon coach que pour le cœur de ma meilleure amie. Mensonge encore une fois. Assis autour de la table rectangulaire des Doyle, l'ambiance est plutôt détendue excepté l'aura négative qui entoure mon père. Elle pourrait être assimilée à celle d'un antagoniste de shōnen qu'au final personne n'aimera jamais. La table de ce soir est parfaitement dressée, dans des tons pastel à l'image de la cheffe de cuisine. Le poulet épicé de Colleen - la mère de Raven - est toujours aussi bon que dans mes souvenirs et j'aimais tellement venir manger ici le midi, surtout le week-end lorsqu'elle faisait ses crêpes party. Ma mère, elle, sermonne Sora qui est affalée sur sa chaise, encore sur son téléphone en train de parler à je ne sais qui, tandis que je passe mon temps à jongler entre les discussions avec Douglas - le père de Raven - sur comment se déroule un match et les questions de ma mère sur l'université. Elle sait pertinemment qu'après ce soir, elle ne me reverra qu'au prochain repas réunissant nos deux familles et que ce ne sera pas demain la veille que ça arrivera.

Je les fuis. J'ai parfois honte de le dire à voix haute puis j'ai une douleur lancinante qui me fissure le cœur quand je pense à ma mère et à ma petite sœur qui en soi n'y sont strictement pour rien. Elles ne sont que les tristes dommages collatéraux d'une relation brisée , celle de mon père et moi.

– Ça va ? me glisse doucement ma princesse à l'oreille.

– C'est moins catastrophique que ce que j'avais imaginé, la rassuré-je.

Et je minimise la chose.

La dernière fois que je me suis retrouvé à un repas de famille composé exclusivement de la mienne, on peut dire que l'ambiance était à son paroxysme. La table a fini cassé, le joli vase en porcelaine de ma mère brisé et je me suis retrouvé avec l'arcade sourcilière ouverte. Blessure me réservant le droit à de jolis points de suture qui n'avaient clairement rien d'agréable que ce soit sur le papier ou dans la réalité.