CHAPITRE 35

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Coucou, n'hésitez pas à m'ajouter sur Insta pour suivre mes aventures d'écriture sur cette histoire ( de_belles_histoires_ ). Bonne lecture à tous, je reviens bientôt avec la suite. 



HESTIA

- Tu as une soeur ! je m'exclame en entrant dans la voiture.

Aussitôt installée, je ne pense même pas à connecter mon téléphone ou encore à m'attacher que je demande des comptes à Wayne sur cette soirée terriblement étrange, bien que divertissante.

J'ai l'impression de sortir du multivers et j'ai encore du mal à me rendre compte que j'ai rencontré sa sœur et que cette dernière est un sacré spécimen. Il faut dire, je pense qu'elle a volé la parole à son frère à la naissance. Il n'y a pas d'autre possibilité tellement cette femme passe son temps à parler. Elle a passé la soirée au comptoir et a carrément oublié ses amis qui étaient dans la salle tellement elle me harcelait et bavardait avec Raylan.

J'ai encore du mal à me rendre compte que j'ai rencontré sa sœur. Bien que je n'ai pas osé me présenter comme sa petite copine, elle a très bien compris le message et la situation est tellement spéciale que j'ai du mal à deviner comment Wayne prend ma rencontre soudaine avec un membre de sa famille. J'espère juste qu'il ne va pas commencer à prendre peur et donc prendre ses distances (même si je sais que je ne devrais pas douter de lui alors qu'il me montre depuis une semaine que notre relation est très sérieuse pour lui).

Je n'ai aucune réponse et Wayne ne prend même pas le temps de m'expliquer ce qu'il s'est passé ou encore ce qu'il en pense. Il se contente de se pencher pour attacher ma ceinture à ma place puis allume le moteur et part dans la direction de l'appartement.

- Ne commence pas à faire le muet maintenant ! Tu m'avais jamais dit qu'elle étudiait ici et qu'elle était aussi gentille.

Et dire que j'aurai pu la croiser bien plus tôt et me faire une amie. Cette fille est typiquement le genre de personne qui te fout la bonne humeur toute la journée rien qu'après une petite discussion. Il y a une période où j'aurai bien eu besoin d'elle dans ma vie.

Je me demande pourquoi il ne m'a jamais parlé d'elle.

- Elle est surtout casse-couilles, réplique-t-il finalement.

Je lève les yeux au ciel et allume le Bluetooth pour camoufler ses conneries. Je lance la musique Not My Job Anymore de Thomas Day puis prends enfin la peine de contredire MonsieurGrogon.

- Bavarde et indiscrète, oui, mais pas casse-couilles.

Cette Camille est un vrai spécimen et je trouve ça dommage qu'il ne soit pas aussi proche d'elle.

- Elle se fait du souci pour toi, je lui avoue. Pourquoi tu ne lui parles pas ?

J'ai encore du mal à comprendre pourquoi il n'a plus le moindre blocage de la parole avec moi, mais persiste à vouloir se barricader auprès des autres et j'ai surtout du mal à concevoir qu'il évite de la sorte sa famille. Surtout qu'à sa place, j'aurai donné n'importe quoi pour pouvoir parler une dernière fois à la mienne. Ça me paraît impensable qu'il les évite jusqu'à la fin de ses jours, surtout que vu ce que Camille m'a appris, Wayne passerait son temps à filtrer leurs appels et ne vient jamais les voir.

Pendant plusieurs minutes, il garde le silence et je décide de respecter son choix. Je sais que ce n'est pas facile pour lui alors j'essaie de ne pas lui forcer la main. J'attends donc patiemment qu'il décide de s'ouvrir à moi et pendant ce temps, je gère la musique qui résonne toujours dans la voiture et prends même la peine de chanter comme une casserole pour détendre l'atmosphère. Je ne parviens pas à lui tirer le moindre rire ou sourire, mais ce n'est pas grave parce qu'au moins il n'a pas cet air impassible que je déteste. Il se concentre simplement sur la route.

Lorsque nous arrivons enfin sur le parking, il ne déroge pas à ses habitudes de gardes du corps et vient m'ouvrir la portière et se colle à moi pour plus de protection. Je n'oublie pas que j'ai moi-même dans mon sac une arme prête à être utilisée à tout moment. Nous quittons donc le parking et nous engouffrons dans l'immeuble pour rejoindre mon étage.

Une fois que Wayne a terminé de faire le tour de l'appartement et a vérifié que tout va bien, il revient vers moi et j'enlève enfin mes chaussures que je balance dans un coin. Je suis tellement fatiguée que je pourrai m'affaler sur le canapé dans l'instant et ne plus en bouger avant demain matin. Je fais donc en sorte de me dépêcher et passe en vitesse sous la douche avant de me démaquiller et de me préparer à aller dormir. J'attrape le t-shirt de Wayne et l'enfile avant de me jeter dans le lit, juste à côté de son corps qui prend toute la place.

Avec un petit rire, je me faufile entre ses bras et me fais moi-même de la place tandis que ma tête se cale sur son pectoral. Je lui offre un chaste baiser et sa chaleur vient aussitôt réchauffer mon corps. Je soupire d'aise tellement je me sens bien. Je pourrai passer toutes mes nuits dans ses bras et j'aime encore plus le matin, lorsque je me réveille (sans cauchemar de la part d'aucun de nous) et que nous sommes en cuillère tandis que ses gros bras m'enveloppent. J'aime l'idée de savoir que nous avons beau bouger dans notre sommeil, nous ne nous détachons jamais vraiment l'un de l'autre.

C'est vraiment fou comme Wayne a changé depuis la fusillade. Avant, jamais il ne se serait montré aussi tactile avec moi et avant, jamais il ne m'avait autant parlé. Notre relation a radicalement changé et ça me plaît. Je me sens tellement bien avec lui et j'espère de tout coeur que ce cocon va durer. Je ne suis pas prête à le voir s'éloigner de moi.

Au fil des minutes, le silence s'est installé dans la chambre, bien que je sais à sa respiration irrégulière qu'il ne dort pas. Il se contente de jouer avec l'une de mes mèches de cheveux tandis que je ferme les yeux pour trouver le sommeil, mais alors que je me sens à deux doigts de quitter ce monde pour rejoindre celui de Morphée, je l'entends me murmurer.

- Je n'arrive pas à les laisser entrer dans ma vie. Il y a de la culpabilité, du regret, mais j'ai aussi placé tellement de barrières autour de moi que je n'arrive plus à les laisser tomber. Comment veux-tu que je regarde celle qui m'a mise au monde après toutes les horreurs que j'ai faites ?

Sa réponse parvient à me tirer des griffes du sommeil et je commence à tracer les contours de son tatouage du bout du doigt tandis que je cherche une réponse adéquate à lui donner, mais pour une fois, rien ne me vient d'autre qu'une question.

- Si ces barrières ne parviennent pas à s'abaisser avec les autres, pourquoi parviens-tu à le faire avec moi ?

Pendant plusieurs secondes, il ne me répond pas et je me dis qu'il s'est endormi. Il connaît déjà mon point de vue sur la question de la culpabilité et il sait parfaitement que ce n'est pas une excuse pour se cacher derrière autant de boucliers. Dans le fond, je pense qu'il est simplement mort de peur à l'idée de devoir assumer ses erreurs et ses choix de vie.

Il finit par prendre une grande inspiration avant de répondre.

- Parce que tu as bouleversé ma vie et que tu es parvenue à abaisser ces barrières toi-même. Tu t'es implantée en moi alors même que je me débattais pour te résister.

Ses paroles me font méditer, et même si je ressens une pointe de fierté à l'idée d'être aussi spéciale pour lui, je me sens triste qu'il ne puisse pas en faire de même avec les autres. J'ai encore du mal à comprendre s'il refuse d'établir le moindre contact ou s'il subit simplement les réactions de son propre esprit. C'est compliqué d'entrer dans la tête de Wayne, mais vu son âge, je pense qu'il est assez grand pour gérer la situation seul et qu'il n'a pas besoin de moi pour savoir quoi faire. Il sait ce que je pense de la situation et je serai toujours là s'il a besoin d'aide, mais pour l'instant je ne pense pas qu'il soit prêt à faire la paix avec lui-même. Wayne doit avancer pas à pas et ce que nous vivons actuellement est déjà une immense avancée par rapport à ces trois dernières années.

- Que veux-tu, mon super pouvoir est de ne pas m'arrêter lorsque je vois des barrières et de foncer dedans, je réplique avec humour.

Je sens le torse de Wayne se secouer tandis qu'il rigole.

- Rappelle-moi de ne jamais te prêter ma voiture...

The Sound of SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant