PROLOGUE

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Coucou, n'hésitez pas à m'ajouter sur Insta pour suivre mes aventures d'écriture sur cette histoire ( de_belles_histoires_ ). Bonne lecture à tous, je reviens bientôt avec la suite.

  

  

La main tendue, je pousse la porte d'un coup sec puis m'éloigne du bâtiment à la hâte. Mes mains sont tremblantes et je sens la crise de panique me guetter avec envie. Comment veulent-ils que je me montre forte alors qu'ils me l'avaient promis ? Ils m'avaient promis que ce moment n'arriverait pas, qu'il croupirait en prison jusqu'à la fin de ses jours. Comment ont-ils pu me mentir droit dans les yeux et me laisser tous ces espoirs ? J'y ai cru. Je pensais que tout était terminé, que je rentrerais chez moi.

- Hestia ! j'entends derrière moi.

Je ne me retourne pas, séchant mes larmes avec le dos de ma main et en accélérant le pas. Une grande partie de moi a envie de demander des comptes, de demander comment les juges ont pu laisser une ordure pareille en liberté après tout ce qu'il a fait, mais une autre partie de moi est tellement paniquée qu'elle veut juste rentrer et se sentir en sécurité.

C'est assez paradoxal de parler de sécurité pour une personne qui ne l'a pas ressenti depuis plusieurs mois. Je ne saurais même plus dire depuis quand je me sens en danger chaque minute de chaque putain de journée. Je dirais que ça fait des années en fait. Des années que ma vie a viré vers l'enfer et que je me contente simplement de survivre. J'ai dû tout abandonner...

J'y croyais vraiment, qu'aujourd'hui serait le début de ma liberté, que je pourrai enfin revivre comme avant. Comme si c'était possible ! Je ne vois pas comment j'aurai pu avoir une vie normale avec le passif que je me tape, mais une chose est sûre, je n'aurai pas l'occasion d'essayer. Je peux dire adieu à tous les projets que j'avais montés dans ma tête, ces mêmes projets qui me permettaient de ne pas perdre la boule. Ce cercle vicieux va continuer pendant encore longtemps. Jusqu'à ce que je meure, parce que dans cette partie, le méchant ne perd jamais. La preuve en est.

- Hestia ! Je ne comprends pas non plus !

Sur les nerfs comme jamais, je me retourne avec hâte et fusille du regard mon poursuivant. Il paraît mal, tellement mal, mais ce n'est rien comparé à mon état à moi. Ce n'est pas lui qui doit constamment regarder derrière son épaule. Ce n'est pas lui qui doit se cacher et vivre dans la peau d'une victime. Tout ça, c'est mon enfer à moi !

- Vous ne comprenez pas ? Vous voulez que je vous explique ce qu'il vient de se passer ? je hurle sur le flic. Il est libre ! Il n'ira pas en prison ! Jamais il ne paiera pas pour ce qu'il a fait et je suis morte. Vous comprenez Agent Marshall ? Je suis morte ! Il me tuera.

Mes jambes manquent de me lâcher et je dois me rattraper à un poteau pour ne pas tomber. Au fond de moi, tout est en train de s'effondrer et je ne parviens pas à être forte. Depuis tous ces mois, je garde la tête haute dans l'attente de ce jour. Je ne pleurais pas, je ne me plaignais pas parce qu'on m'avait juré que la roue tournerait. Il m'avait juré que la roue tournerait, mais ça n'a pas été le cas. Klaus est libre et désormais plus rien ne l'empêchera de me tuer.

- Je trouverai une solution, je te le promets Hestia. Maintenant, monte dans la voiture et attends-moi, il faut que j'aille chercher mes affaires et débriefer avec mon boss.

Mon envie de fuir est encore présente, mais même dans ma panique je juge que je me sentirai déjà plus en sécurité dans une voiture de flic plutôt qu'à attendre seule devant le tribunal. Je hoche donc calmement la tête puis me rends vers la voiture en attendant qu'il revienne.

Une fois installée, je ne mets pas ma ceinture et plonge la tête dans mes mains. Je dois me ressaisir. Je suis forte et tout va bien se passer. Je ne sais juste pas comment je vais faire, où je vais aller et comment je vais me protéger de lui, mais je sais que je m'en sortirai. Je n'ai pas fait tout ce chemin jusqu'à maintenant pour mourir. Je dois le faire, pour maman, pour papa et pour les rendre fiers de moi.

Les minutes passent et mes tremblements n'ont toujours pas disparu. Les larmes ont cessé de couler, me laissant simplement vide d'énergie. Je suis tellement fatiguée par tout ça, fatiguée de me battre et je me demande quand est-ce que je parviendrai enfin à vivre correctement ? Pas dans l'immédiat, ça c'est sûr. Surtout que, maintenant que le verdict du procès a été déclaré, je ne sers plus à rien pour faire tomber Klaus. Je parie que d'ici les prochains jours, je devrais quitter la maison qui sert à mettre les témoins en sécurité. Tout ce dispositif de protection des témoins ne me concernera plus et je serai alors livrée à moi-même. Je devrais alors me démerder pour me cacher, trouver un travail discret, refaire ma vie.

Secouant la tête, je refuse de penser à tout ça. Au loin, en voyant des groupes de gens sortir du tribunal, je me planque à nouveau dans mes mains, refusant de prendre le risque de le voir sortir. Je refuse de le voir et je refuse qu'il me voit dans un état semblable. Je m'occupe donc en comptant les secondes dans ma tête par peur de perdre la boule en attendant que l'Agent Marshall revienne, ce qu'il fait quelques minutes plus tard en s'installant du côté conducteur de son véhicule, juste à ma gauche.

- Tu sais que tu es censée aller à l'arrière ? me demande-t-il.

Je hausse les épaules, n'en ayant rien à faire de ce détail. Après un soupir, le policier démarre la voiture et quitte le parking en direction de la maison que j'occupais jusque-là. Voilà six mois que la police a débarqué chez moi pour me sauver et voilà six mois que je vivais cachée et en sécurité en attendant que le jugement ait lieu. Désormais, je ne sais pas ce que je vais faire. Je n'y connais rien à tous ces trucs juridiques, mais quelque chose me dit que je ne peux rien faire. Il n'y a aucune preuve contre Klaus et c'est ma parole contre la sienne. Malheureusement, tout va dans son sens. La plupart de ces gens dans ce maudit tribunal me prenaient pour une folle.

Pour ma part, j'aurai plutôt dit instable émotionnellement, mais la faute à qui ?

Pendant tout le trajet, personne ne parle dans la voiture et ce silence est horrible, je le déteste. J'ai toujours détesté le silence, mais celui-là est le pire d'entre tous. Il me tue à petit feu et me fait encore plus stresser. Tout ça me rappelle que la situation est grave et que ma vie va une fois de plus partir en couille. Le pire, c'est que ce n'est pas comme si nous n'avons que quelques minutes de route. Non, nous avons plus d'une heure. Une heure que nous passons dans le silence le plus total avec le poids de ma descente aux enfers qui vient de me tomber dessus. Mine de rien, j'espère que l'Agent Marshall ne va pas m'abandonner. La dernière chose dont j'ai besoin est d'être larguée seule en plein milieu de la nature.

Après ce temps qui me paraît interminable, nous arrivons dans la petite ville qui m'a servi de refuge ces derniers mois. Tout comme je l'ai laissé en partant, nous ne croisons que très peu de voitures et de piétons et nous arrivons à destination quelques kilomètres plus tard.

Une fois que le flic qui me sert de garde du corps coupe le moteur, je descends de la voiture le cœur lourd et avance vers la porte de la petite maison. Cette dernière se trouve légèrement en retrait, près d'un bois assez calme. La planque parfaite.

Toujours sans un mot, l'Agent Marshall ouvre la porte puis me laisse entrer. Je m'engouffre aussitôt dans le salon puis pars m'affaler sur le canapé. Je suis vide d'énergie, vide d'espoir et une chose me retient d'aller me cacher sous les draps de mon lit et c'est le policier qui revient de la cuisine avec deux verres d'eau. Il m'en tend un en silence et je le bois d'une traite avant de le poser sur la table. L'Argent en fait de même puis finit par s'asseoir sur le fauteuil qui me fait face. C'est à cet instant que je comprends que nous ne pouvons pas rester dans le silence plus longtemps.

- J'ai parlé avec mon supérieur, nous ne pouvons pas te laisser ici plus longtemps. Une autre personne a besoin de cette planque, mais ne t'en fais pas, j'ai une idée. Fais-moi confiance, tu seras plus en sécurité là-bas que n'importe où ailleurs.

The Sound of SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant