Chapitre 30 {Cassiopée} Un petit tour dans les montagnes russes

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6 août

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6 août

Quatre mots et une nanoseconde, c'est ce qu'il a fallu pour que tout vole en éclats.

Chaque cellule de mon cerveau se disloque en un tas de petites particules, mes os se brisent les uns après les autres dans une douleur atroce pendant que mon palpitant connaît pas mal de ratés. L'oxygène se la joue égoïste en ne parvenant plus jusqu'à mes poumons.

La hargne qui me caractérise habituellement a fui mon corps comme tout le reste. Ne reste plus qu'une espèce de masse et une imagination débordante. Jessica n'a dit que quatre mots « Manou est à l'hôpital » mais ça a suffi pour que je m'imagine les pires scénarios possibles. Un AVC, une crise cardiaque, un cambriolage qui tourne mal.

Je me sens privé d'air, comme si j'étais immergée dans l'eau et que je ne parvenais plus à en sortir la tête pour respirer, peut-être que mon cerveau refuse de se battre et fait mourir mon corps par la même occasion. Même lorsque je m'écroule sur mes genoux sur le béton qui les écorchent, la douleur ne me réanime pas. Je perds pied, je m'évade dans un monde où rien ne s'est produit même si je ne sais pas encore ce qu'il en est.

Mon pire cauchemar se réalise. Mon cerveau refuse de reconnecter ses synapses si c'est pour entendre Jessica prononcer des mots que je ne suis pas prête à entendre. Perdre Agnès, c'est au-dessus de mes forces. Elle est mon pilier, mon modèle. Elle n'est pas une simple grand-mère, elle est mon tout. Elle est la personne que j'aime le plus dans ce monde et s'il doit se poursuivre sans elle, je ne veux plus en faire partir non plus.

J'en aurais pas la force.

— Sunshine, sunshine, reste avec moi, regarde-moi.

Je sens qu'on me touche, mais je n'ai aucune réaction, car si mon cœur bat encore, tout le reste a foutu le camp. Une enveloppe vide, voilà ce que je suis.

— Jessica, qu'est-ce qui s'est passé ?

— Manou a fait une importante chute dans les escaliers.

— Est-ce qu'elle...

— Non, enfin j'en sais rien, Mason. C'est arrivé il y a quelques heures et depuis les médecins ne nous disent pas ce qui se passe.

— Dans quel hôpital l'ont-ils emmené ?

— Le Cedars-Sinai Medical Center.

Les voix ne sont qu'un murmure lointain, mon enveloppe humaine, qu'une marionnette qu'ils peuvent manipuler à leur guise. Je sens que je bouge, je le ressens, mais je ne parviens toujours pas à sortir de l'endroit rassurant dans lequel je me réfugie. Il s'est passé quelque chose de grave et je n'étais pas là. Comme une conne, je me suis autorisée à vivre quelque chose que je ne mérite pas. Je n'étais pas là pour elle et peut-être est-il trop tard pour lui dire toutes ces choses que j'aurais aimé partager avec elle.

Mes paupières se ferment, je sombre dans quelque chose de bien plus obscur et quand j'ouvre les yeux, tout se reconnecte en moi. Des murs blancs m'entourent, des bruits étranges s'échappent d'objets non identifiés. Je ressens une légère pression dans chacun de mes membres juste avant de réaliser que je suis allongée dans un lit d'hôpital, je me relève d'un bond jusqu'à ce qu'une paire de mains douces et puissantes m'empêche de me mettre sur pieds.

Opération coup de foudre : sous les palmiersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant