Chapitre 6

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En fin de compte Lise ne dormit pas plus de quelques heures, trop excitée qu'elle était d'être dans le lit de son amoureux. N'y tenant plus, elle se releva sur le coude et tenta de regarder Raphaël dans la pénombre. Il dormait à plat ventre, le drap entortillé autour d'une jambe seulement. Elle fixa en détail ses épaules solides, son dos musclé et ses fesses si... craquantes. Ah, ben finalement il avait raison; pas la peine de s'encombrer d'un pyjama quand on avait un corps si... Elle sentit ses joues s'empourprer mais savourant néanmoins pleinement la vue qui s'offrait à elle, elle soupira d'aise.

– Qu'est-ce qu'il y a ?

La voix rauque de Raphaël la tétanisa sur place. Elle écarquilla les yeux. Elle aurait juré qu'il dormait pourtant. Ses yeux étaient pourtant bel et bien fermés. Honteuse d'avoir été prise sur le fait, elle préféra faire comme si de rien n'était.

– Raph ? Tu ne dors pas ?

Elle l'entendit bouger et répondre une fois qu'il fut installé sur le dos.

– Si je te réponds, t'en conclus quoi ?

– Je n'arrive plus à dormir, lança-t-elle après avoir ri silencieusement. Tu ne voudrais pas qu'on se raconte des histoires pour passer le temps ?

– Bouge pas, j'ai une idée.

Et il se leva. A ce moment-là, si on lui demandait ce qu'elle aimait le plus chez le jeune homme, elle aurait probablement répondu sans hésiter « le voir de dos ». Oh oui, ça valait largement le coup d'œil !

Il sortit de la chambre et revint presque aussitôt. Il était allé se dégoter un masque dans la chambre de Gabriel. Il ne savait pas si Lise marcherait dans son jeu totalement puéril – et scandaleusement idiot – mais il prit quand même la tête en plastique ressemblant plus ou moins à Chucky. Il ne connaissait pas particulièrement ce film, mais Gabriel adorait tout ce qui donnait des frissons. Il lui fit donc confiance sur ce point-là et retourna dans sa chambre, le déguisement bien mis sur le visage et une lampe torche sous le menton. Dès qu'il passa la porte il sut que son amie partirait au quart de tour et il adorait ça. Lise était allongée sur le ventre, une main jouant avec l'oreiller du matelas sur lequel Raphaël dormait. En l'entendant approcher elle releva la tête et fut foudroyée par la peur. Prise de panique, complètement effrayée, elle se mit à hurler. Elle retrouvait la terreur qui l'avait submergée un peu plus tôt dans la soirée, lorsque Raphaël lui courrait après. Autant dire que toute raison avait déserté.

Voyant tous ses espoirs hautement dépassés, Raphaël décida de mettre fin à la blague et ôta le masque, d'autant plus que Lise entamait une sérieuse crise de panique, prostrée sur le lit et réfugiée sous la couette. Le garçon, étonné, vint se placer au-dessus d'elle. Il ne put étouffer le rire qui montait en lui en repensant à l'ascenseur émotionnel qu'elle avait subi. Lise était presque en train de sangloter quand elle parvint à se calmer. Elle rabattit la couette et le découvrit à quelques centimètres d'elle, quasiment pris de convulsions tant il riait. Elle nota vaguement qu'il tenait encore le masque à la main droite. Prise d'un excès de colère, elle s'empara de la lampe qu'il avait abandonnée sur le lit et essaya de la lui envoyer en pleine tête.

– Oh mais toi ! Toi je vais te tuer !

– Mais qui d'autre voulais-tu que ce soit ?

– Mais j'en sais rien ! Je n'habite pas ici, je ne sais pas ce qui... Voyant qu'elle s'enfonçait plus qu'autre chose, elle changea de sujet. Je voulais qu'on se raconte des histoires drôles pour qu'on apprenne à se connaître encore mieux. Pas que tu me files une crise cardiaque !

– Oh mais j'ai beaucoup appris de toi. Je sais que je ne t'emmènerai jamais voir un film d'horreur au cinéma. Je sais aussi que tu as une technique de protection pourrie. Il lui mit la couverture devant les yeux. Sous les draps, sérieusement ?

Ouvrir les yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant