Chapitre 20

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Raphaël sentit la nervosité de Lise dès qu'elle se pointa. Il fronça les sourcils, examinant la mine quasi déconfite de son amie. Qu'avait-elle ? Ou plutôt ; qu'avait-il encore fait ? Bien qu'il lui posât la question, il n'obtint en retour qu'un bref signe de main lui indiquant que ce n'était rien. Espérant détendre l'atmosphère soudain trop lugubre à son goût, il se fit plus malicieux.

- Si c'est parce que j'ai fini la glace à la framboise, je te signale quand même que tu as mangé la meilleure partie de celle au chocolat et que tu m'as nargué en te léchant les doigts !

Cette révélation arracha un petit sourire à Lise. Elle leva les yeux au ciel, exaspérée, sous le regard amusé et complice de son amoureux. Son cœur explosa de bonheur quand il lui dédia son petit sourire en coin si craquant. Mais sa béatitude s'écrasa lamentablement au sol, piétinée par l'accent américain qui les interrompit.

- Raphaël ? C'est toi ?

Non non. C'est un mirage, pauvre tâche !

Lise fit taire sa Raison sarcastique en la sermonnant. Elle avait déjà vu ces filles dans un magazine mais elle ne les connaissait pas réellement. D'où s'autorisait-elle à les juger ? Oui enfin, c'était bien beau d'avoir des principes, mais c'était toujours plus compliqué de les appliquer que de les dispenser ! Cela dit, elle devait admettre que la grande rouquine qui venait de parler l'inspirait toujours plus positivement que sa camarade métisse qui la toisait d'un air revêche. Comment une fille qui semblait si mesquine pouvait être aussi jolie ? Elle se souvenait d'ailleurs très bien de ce que Cara avait dit !

Elles collectionnent les mecs à la pelle. Enfin surtout elle.

Levant la tête, Raphaël fronça les sourcils avant de les hausser. Il venait visiblement de les reconnaître. Et ce faisant, il venait aussi de contrarier la jeune chanteuse. Ben quoi ? C'est vrai, elle aurait grandement apprécié qu'il ne se souvienne pas de ces deux bombes. Ah mais si seulement ils avaient pu les éviter !

- Selma !

Il hésita en pointant la seconde du doigt. Lise jubila.

- Désolé mais... ?

La jolie métisse gloussa.

- Winnyfrields. C'est pour éviter ce genre de truc que tout le monde m'appelle Winnie !

- Pourquoi m'avoir décliné ton prénom entier alors ?

- Peut-être pour t'intriguer, lança-t-elle en jouant les séductrices ingénues. Elle ajouta avec un clin d'œil : qui sait ?

Lise écarquilla les yeux devant tant d'audace et guetta la réaction de Raphaël. Il eut la décence de grimacer, gêné. En son for intérieur, la jeune chanteuse approuva sa réaction et espéra qu'il était tout sauf intrigué.

Elle considéra les filles de la façon la plus objective qui soit, ou presque. Elles étaient toutes les deux en tenues de sport, à ce détail près qu'elles n'étaient pas poisseuses de sueur, décoiffées ou essoufflées. Il y avait vraiment de la discrimination en ce bas monde ! Moi quand je fais du sport, je fais peur à un mort-vivant, sans déconner...

Finissant son petit inventaire, elle croisa le regard des deux intruses - alias Selma et Winnie - et constata qu'elle était au centre de toutes leurs attentions. Aïtch. Elle venait de se faire griller. Pour la discrétion, on repassera.

- Oh ! Raphaël Deacon serait-il en couple par hasard ?

Rien dans sa voix n'indiquait à Lise qu'il s'agissait là d'une attaque. Elle se fit donc la réflexion que Selma devait être la gentille du binôme.

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