Ouvrir les yeux

Chapitre 22

Oh bon sang. Pourquoi avait-elle encore cette sensation désagréable qui lui faisait froid dans le dos ? Qu'allait-il lui dire cette fois ? Non, parce que la dernière fois qu'il lui avait fait ce plan-là, c'était la veille. Et on ne pouvait pas dire que tout s'était très bien passé ensuite. Loin de là.

– Lise, tu m'écoutes ?

Il lui toucha la main pour capter son attention. Elle le regarda deux secondes et récupéra sa main, la posant tranquillement sur son ventre. Elle ne pouvait pas supporter un nouveau contact physique alors même qu'ils étaient fâchés et qu'il risquait de l'énerver plus encore. Elle opina néanmoins du chef, se concentrant pour ne pas analyser sa réaction.

Évidemment, ce refus n'échappa pas au beau brun. Il le comprenait mais ne l'acceptait pas. Il fixa le plafond en s'évertuant à cracher le morceau. C'est vrai, plus tôt ils en auraient fini, plus tôt il pourrait retrouver ce sourire si charmant qu'il aimait tant voir fleurir sur ses lèvres.

– Qu'est-ce que tu penses de Winnie ?

– Crois-moi, tu ne veux pas le savoir.

– Elle m'a dragué, balança Raphaël après un moment.

– J'avais remarqué.

– Non, grimaça-t-il. Je veux dire... Elle m'a vraiment fait du rentre dedans. Il y a genre... deux semaines. On a commencé à...

Il ne termina pas sa phrase et elle se demanda si elle avait bien entendu ce que cet idiot venait de lui dire. Pendant un court intervalle – qui leur sembla interminablement long à tous les deux – elle se perdit dans ses pensées. Puis elle réalisa l'ampleur de la situation et sa curiosité se disputa avec sa jalousie pour savoir laquelle parlerait en premier.

La curiosité l'emporta.

– Qu'est-ce que tu entends par « rentre dedans » ?

Raphaël croisa ses bras derrière sa nuque.

– Tout a commencé par de simples contacts physiques. Elle me touchait le bras en me parlant, me bousculait lorsqu'elle riait... Ce genre de trucs quoi.

Intérieurement, Lise grogna. Elle voyait très exactement de quoi il était question en effet. Et cela lui donnait des envies de meurtre. Son amoureux, touché par cette harpie ? Serrant les poings, elle s'efforça de rester calme. D'autant plus qu'elle ne pourrait pas vraiment se justifier si elle venait à lui faire une scène.

– J'ai mis du temps à capter qu'elle s'arrangeait aussi pour qu'on soit seul à seule.

Lise serra les dents.

– Et puis un jour elle m'a demandé si j'étais célibataire et intéressé. Elle a aussi dit que quelque soit ma réponse ça ne changeait rien, elle n'était pas possessive et ma potentielle copine n'était pas forcée de l'apprendre.

Quoi ?! Sa mère la flûte ! Cette fille était une véritable sa... monstre !

Lise se redressa précipitamment sur son coude pour faire face au jeune homme. Ce dernier guettait justement sa réaction du coin de l'œil, amusé.

– Range cet air d'indignation. On peut lui reprocher beaucoup de choses, mais au moins elle sait ce qu'elle veut. Et elle fait tout pour l'obtenir. Reste à déterminer si c'est une qualité ou non...

– Elle est sacrément culottée cette fille !

– Je te l'ai dit, elle sait juste ce qu'elle veut.