Lorsqu'il émergea quelques heures plus tard, le soleil filtrait brièvement à travers les stores fermés de son volet roulant. Il se donna le temps de se réveiller correctement avant de bouger la moindre partie de son corps. Son regard fut attiré par les particules de poussières qui voletaient dans l'air, jouant à cache-cache avec les rayons de l'astre lumineux. L'espace d'un instant, il se demanda pourquoi il n'avait jamais pris le temps de regarder les menus détails qui faisaient la vie mais la réponse qui le cueillit fut si cinglante qu'elle le démoralisa. C'était bien simple ; jusqu'ici, sa vie était bien trop chargée – intéressante – pour qu'il ne prenne le temps d'observer de si futiles choses. Qui contemplait la poussière dansant dans les airs si ce n'est ceux qui voulaient à tout prix s'empêcher de réfléchir à un problème trop conséquent de leur réalité ?
Cette réflexion-là le consterna et lui rappela que les problèmes qu'ils avaient réglés hier au soir étaient bien loin d'être les seuls. Fort de cette constatation, il soupira et sortit du lit. Il enfila un bas de jogging en toute hâte et gagnait le palier de l'escalier quand il surprit deux voix qui parlaient au niveau inférieur. Curieux, il se laissa glisser sur la première marche et écouta. Il reconnut le timbre grave de son binôme lorsque ce dernier prit la parole.
– Tu aurais pu attendre que je vienne te chercher, tu n'étais pas à une heure près !
– Ça te va bien de dire ça. Je te signale que tu as dormi chez moi alors que moi je dormais chez toi. Où est la logique là-dedans ?
Gabriel. Evidemment.
D'après ce qu'il comprenait de la situation, Gabriel était arrivé un peu plus tôt en apprenant le retour de son frère. Malgré l'agacement qui perçait dans le ton qu'il employait, Raphaël fut touché par l'attitude de son cadet qu'il sentait fragile. La culpabilité de l'aîné en prit encore un coup.
Cent fois Raphaël avait regretté l'impulsivité de son geste. Sa fuite n'avait pas eu de conséquence fâcheuse sur leur famille, mais il aurait dû les prendre en considération. Il n'avait pensé qu'à lui et ce n'était pas grave pour la plupart des gens, mais il était leur seul soutien et il leur avait fait défaut. Plus il y pensait, moins il comprenait son obstination à rester là-bas si longtemps. Il allait pouvoir remercier Nolan pour son excellent relais.
La mort dans l'âme, Raphaël entreprit de rejoindre les deux garçons. Il devait des excuses à ses frères et commencerait donc sa pénitence avec le plus difficile d'entre eux.
Il débarqua dans la pièce à vivre et s'avança jusqu'au sofa sous le regard bienveillant de son ami. Il ne parvint en revanche pas à identifier une quelconque émotion sur le minois de Gabriel.
– Salut, Gabe...
L'autre se contenta de grogner, signe visiblement d'une salutation. La conversation n'alla pas plus loin, au plus grand dam de tous. Nolan crut opportun de les laisser entre Deacon. Au moins s'il y avait une altercation, il ne serait pas au milieu. Il fit donc un signe de la main à Raphaël avant de donner un ultime conseil à Gabriel, les laissant régler les non-dits entre eux.
Gabriel contourna le canapé pour s'asseoir négligemment au bout de la méridienne. Raphaël fit de même sur le bout de l'accoudoir mais ni l'un ni l'autre ne pipa mot. Ce n'était pas forcément un silence lourd ni gênant, mais il était si inhabituel entre eux qu'il les laissa penauds et gauches – chose assez inédite chez les Deacon.
– C'était bien, chez Nolan ?
Gabriel le dévisagea, quelque peu atterré par sa demande. Raphaël haussa les épaules et le silence retomba. Dans la quiétude de l'appartement, l'aîné se demanda comment dérider son petit frère. Il n'avait pas l'habitude de ne pas s'exprimer librement, pas plus que Gabe ne se privait de lui dire tout ce qui lui passait par la tête, d'ailleurs. Il soupira et ce fut apparemment le signal qu'attendait Gabriel pour amorcer la discussion.
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Ouvrir les yeux
RomanceJe n'ai rien eu besoin de plus que ton sourire pour tomber amoureuse. Tu as du charme, tu le sais ? Je me croyais immunisée contre ça, contre toi. Mais c'est ma faute : je n'aurai jamais dû avoir envie de te connaître, je n'aurai jamais dû avoir env...