Chapitre 33

13 2 0
                                    


Partout. Elle avait cherché partout. Impossible de mettre la main sur ce putain de journal intime de mer...

Lise s'affala sur la chaise de son bureau. Ça ne servait à rien de jurer ainsi. Bon sang, mais où est-ce qu'elle avait pu le mettre ? Et d'ailleurs, comment ne s'était-elle pas aperçue plus tôt qu'il manquait à l'appel ? Elle ne parvenait même plus à savoir quand elle l'avait égaré exactement. Oh, et puis de toute façon, peut-être était-il mieux perdu. Il ne lui avait pas vraiment été d'un grand soutien dans toute cette histoire, bien au contraire.

Lise se maudit mentalement d'avoir eu l'idée saugrenue d'entretenir un journal intime. Car au fond, tout ça c'était la faute de ce bout de papier ! Mais comment pouvait-elle imaginer alors que quelqu'un s'en servirait contre elle ? Sentant les larmes affluer derrière ses paupières, elle se leva et tenta tant bien que mal de penser à autre chose. Elle jeta un coup d'œil à l'horloge et soupira. Elle n'avait rien à faire en particulier aujourd'hui et ne devait retourner à l'agence que le lendemain. Peut-être pourrait-elle profiter de l'après-midi pour rattraper les cours qu'elle avait loupés au lycée, mais ce n'était pas franchement très folichon et elle doutait sincèrement qu'un problème de maths l'empêche de penser à...

Décidant de ne pas aborder cette question aujourd'hui – ni plus jamais d'ailleurs – elle se dirigea vers son armoire et en sortit un jogging et un débardeur. Si elle devait s'occuper mentalement et physiquement pour ne plus penser à rien, autant aller faire du sport. Lise s'étonna elle-même de cette initiative mais se persuada du bien-fondé de sa pensée tout en doutant néanmoins de ses capacités de sportive. Revêtant sa tenue de combat, elle prit ses écouteurs et son portable et quitta sa chambre.

A peine un peu plus d'une heure plus tard, Lise se jetait sur l'herbe du parc où elle avait décidé d'aller courir. Quelle idée de meeeerde ! Comment avait-elle pu imaginer une seule seconde qu'elle apprécierait ce sport – et le sport en général ? Comment s'était-elle convaincue de faire ça ? C'était inhumain ! Courir était un exercice satanique, elle n'y voyait pas d'autres explications. Essayant de retrouver un semblant de souffle, elle se retourna sur le dos et se cacha le visage du soleil. Et beh tiens, on n'en parlait pas assez de celui-là ! Déjà que courir n'était pas aussi sympa qu'elle le pensait, elle venait de découvrir que courir sous un soleil du plomb l'était encore moins. Elle dressa une liste mentale de tout ce qui n'allait plus chez elle et gémit en s'apercevant qu'avant, au moins, elle avait seulement le cœur brisé. Maintenant elle avait aussi mal aux chevilles, les muscles des cuisses en feux – dont elle découvrait l'existence pour certains – et elle devait très certainement avoir perdu un poumon quelque part sur le parcours parce qu'elle ne parvenait plus à respirer correctement. Non, vraiment, la prochaine fois que sa Raison se foutrait de sa gueule en lui rappelant que le sport n'était pas fait pour elle, elle l'écouterait. Sans déconner, elle était le genre de fille à toujours prendre les escalators. C'était déjà un signe flagrant!

Elle s'apprêtait à se lamenter encore une bonne demi-heure sur son état pitoyable – corps et esprit – quand elle entendit quelqu'un s'approcher en chantant du Daniel Balavoine, Tous les cris, les SOS : «Et je cours, je me raccroche à la vie... ». Elle se redressant en riant.

– J'étais sûre que c'était toi.

Elle s'amusa encore de la blague musicale et invita le nouveau venu à s'asseoir.

– Comment va mon nouvel humoriste préféré ?

– Oh, c'est gentil ça. Il s'assit en tailleur près d'elle. J'aimerai bien te retourner le compliment en parlant de ma « sportive préférée », mais j'ai bien peur que tu ne fasses pas de vieux os dans le milieu. C'est quoi cette tête ? T'as fait un pari avec Usain Bolt ?

Ouvrir les yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant