La deuxième partie de la soirée battait son plein depuis une petite heure déjà. Après l'ultime passage de Cara et quelques autres mannequins, le défilé s'était terminé par un retour sur scène de toutes les jeunes femmes qui avaient paradé dans la nouvelle collection prometteuse avec, cette fois, la fameuse styliste à leur côté. En réalité, il n'y avait pas qu'une seule créatrice. Ils étaient trois. Deux femmes et un homme. Un trio des plus vaillants et qui trouvait sa force et son identité si unique dans un mélange des genres. Le défilé avait eu un très grand succès et fut couronné par les applaudissements frénétiques qui secouaient les convives d'un bout à l'autre de la salle. Les jeunes femmes présentes sur scène se dispersèrent, retournant dans les loges pour enfiler une tenue de cocktail, laissant les concepteurs de ces sublimes vêtements sur le podium à profiter de leur triomphe. Puis le retour des lumières ayant officiellement clôt la première partie de la soirée, les journalistes s'étaient empressés de se ruer vers l'estrade, désirant ardemment être le premier choisi pour recevoir la première interview de ces si brillants modistes. Les autres invités avaient alors délaissé leurs chaises pour se diriger vers les tables de cocktails où se déroulerait la deuxième partie de la soirée.
Nolan et Raphaël avaient patiemment attendu que le gros de la troupe se dégage pour bouger à leur tour. Nolan espérait croiser Selma pour lui signifier que la partie pouvait commencer alors que Raphaël souhaitait simplement gagner du temps et se composer sur le visage le digne masque de fer semblable à celui qu'il tentait d'ériger autour de son cœur. Il ne l'avouerait jamais – pas même sous la contrainte – mais voir une certaine personne bel et bien accompagnée par un gros connard l'avait tout de même chamboulé. Il avait espéré secrètement que ce qu'il avait appris lors d'un certain appel téléphonique n'était que mensonge et pure fable de la part d'un arbitre prétentieux mais la soirée venait de lui afficher la cruelle réalité devant les yeux. Lise n'avait pas été longue à tourner la page. Page qu'il avait du mal, lui, à arracher, bien qu'il s'en défende, aussi se reprocha-t-il cette nouvelle faiblesse.
Bras croisés, les jambes tressautant nerveusement, il pesta intérieurement contre lui-même. Il prenait une décision capitale cinq minutes plus tôt et était parfaitement incapable de la tenir ! Mais depuis quand était-il devenu si faible ?
Il se redressa sur sa chaise, faisant comprendre à son acolyte qu'il était prêt à rejoindre les autres convives, et son regard ripa sur les chaises presque vides face à lui. Un sourire méphistophélique étira ses lèvres. Evidemment, elle n'avait pas attendu pour disparaître. Bien, au moins cela indiquait qu'elle n'avait pas la conscience tranquille !
Raphaël se leva lentement et se tourna vers Nolan qui, debout, ne cessait de fixer une des deux extrémités du podium.
– Rassure-moi, tu sais que c'est terminé et qu'elle ne reviendra pas juste pour tes beaux yeux ?
Son ami haussa un sourcil, jaugea le beau brun et retint in extremis un « parle pour toi » mais se souvint à temps que le but de cette soirée était de calmer les esprits, pas de jeter de l'huile sur le feu ! Il se contenta de hausser les épaules mais ne bougea toutefois pas d'un iota.
– Vraiment, Nolan ? On va attendre Cara ici, plantés en plein milieu d'un parterre vide ?
– Je n'attends pas Cara.
Devant l'air franchement étonné du garçon, Nolan se souvint que Raphaël ne devait probablement pas être au courant des dernières péripéties de leur petit quatuor... Il n'avait pas le temps de tout lui expliquer maintenant, d'autant plus qu'il apercevait, là-bas, consciencieusement cachée derrière un épais rideau noir, un reflet fauve. Il hocha la tête puis se détourna.
– Tu sais quoi Raph ? En fait, si, allons voir Cara !
Il remonta les rangées de chaises, Raphaël sur ses talons.
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Ouvrir les yeux
RomanceJe n'ai rien eu besoin de plus que ton sourire pour tomber amoureuse. Tu as du charme, tu le sais ? Je me croyais immunisée contre ça, contre toi. Mais c'est ma faute : je n'aurai jamais dû avoir envie de te connaître, je n'aurai jamais dû avoir env...