Chapitre 28

16 1 0
                                    


La journée de la veille avait été riche en émotion pour Lise. Après s'être réconciliée avec l'amour de sa vie, elle avait enchaîné plus de trois heures de répétition pour apprendre les chorégraphies de son nouvel album. En fin de soirée, Kacee lui avait rappelé qu'elle avait une interview en nocturne pour une petite radio indépendante. La jeune idole avait eu seulement une petite quinzaine de minutes pour se doucher, manger et rejoindre le studio d'enregistrement. Là, elle avait passé deux heures à interagir avec les deux journalistes et la nouvelle recrue de l'agence, un certain Théo.

Théo était un jeune humoriste découvert quasiment par hasard par Kacee. Ils se rencontraient pour la première fois et la jeune artiste espérait bien que ce ne soit pas la dernière tant il l'avait faite rire.

Toujours est-il qu'après cette folle journée et cette interminable – mais charmante – soirée, elle avait regagné sa maison en dormant à moitié, s'était difficilement dirigée vers sa chambre et, exténuée, s'était écroulée sur son lit. Et ce n'est qu'en émergeant ce matin qu'elle se rendit compte qu'elle était encore habillée et que son portable clignotait furieusement.

Ah bordel de meeeerde, je n'ai pas mis ce putain de réveil !!

Elle se redressa brusquement, priant pour ne pas avoir quinze mille appels manqués de la part d'une Kacee folle de rage et foncièrement outragée. Mais non, elle ne trouva rien de tel en déverrouillant son cellulaire. D'ailleurs, ce ne pouvait pas être elle ; sa manager lui avait donné sa journée pour récupérer. Ce ne pouvait donc pas être l'agence ! A la place elle nota trois appels en absence, tous suivis d'un sms à l'apparence pressée et tendue.

Tous de la part de son beau-gosse de meilleur ami fraichement réintégré dans ses fonctions.

RAPPELLE-MOI, IL FAUT QUE JE TE PARLE DE QUELQUE CHOSE.

LISE, C'EST HYPER IMPORTANT, DECROCHE ! JE DOIS TE PARLER AU PLUS VITE !

MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUS, BORDEL ?? DECROCHE OU RAPPELLE-MOI !!

Ah. Visiblement, il était assez impatient. Elle décida d'exécuter ses ordres avant qu'il ne se décide à appeler le G.I.G.N ou quelques autres forces armées de ce genre. Tout en attendant qu'il décroche, elle se demanda ce qu'il pouvait bien avoir à lui dire de si important pour être si brusque dans ses messages... Elle n'eut pas le loisir de réfléchir trop longtemps, puisqu'il prit aussitôt la conversation. Il passa outre les salutations habituelles et vociféra plus qu'il ne parla.

– Bonjour à toi aussi, ça va bien merci. Et toi ?

Pour toute réponse, il continua à lui aboyer dessus. Tout en l'écoutant râler d'une oreille distraite, elle s'assit en tailleur sur son lit et s'attacha les cheveux. Pourquoi diable ce garçon ronchonnait-il autant ? Ce devait être une passion, un trait typique du caractère des Deacon – quoi que ses petits-frères ne semblaient pas avoir un penchant aussi prononcé pour l'énervement ! Cela dit il fallait avouer que, malgré tout, elle l'aimait, son petit caractère de cochon. Quand bien même il était si...

– Non mais j'hallucine ! Oh ! Lise, tu m'écoutes ?

Elle réalisa alors qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'il avait bien pu lui raconter – encore aurait-il fallu qu'il arrête de râler pour lui raconter quelque chose. Elle se mordit la lèvre pour éviter de rire et ne pas se faire enguirlander plus encore.

– Pardon. J'ai rarement l'habitude d'être réveillée avec autant de tendresse alors forcément, ironisa-t-elle.

Il ronchonna de nouveau, ce qui poussa Lise à se moquer de lui.

– Je te manque tant que ça ?

Elle l'entendit soupirer et pourtant, elle imaginait facilement le petit sourire qui devait sûrement étirer ses lèvres si tentantes.

Ouvrir les yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant