Chapitre 18

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Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle avait peur de ce qu'elle allait entendre.

– Arrête Raphaël, tu me fais flipper là...

Elle se mordit la lèvre et tenta un peu d'humour pour apaiser l'atmosphère.

– Tu ne vas quand même pas m'annoncer que tu restes vivre ici pour toujours ?

Raphaël la regarda un instant, interdit. Puis il se mit à rire et l'attira brusquement à lui. Elle s'éclata sur son torse et avant même d'avoir pu se redresser correctement, elle sentit deux bras puissants de part et d'autre de sa tête. Il la serra si fort qu'elle en eut le souffle coupé.

– Mmh... je... qu'est-ce que tu...

– Tais-toi et fais au moins un peu semblant d'apprécier.

Elle était perdue. Lui demandait-il de le prendre dans ses bras, elle aussi ? Si c'était le cas, elle pouvait le faire sans trop de mal. Avec joie même ! Quoi qu'hésitante, elle obtempéra et plongea sa tête dans le cou du jeune homme en pouffant.

– T'es un mec trop bizarre Raphaël Deacon. Je constate que l'air New-Yorkais ne te fait pas que du bien.

– L'air New-York m'a surtout montré à quel point vous me manquiez Nolan et toi. Je voulais juste te dire ça. Mais...

Il sourit, bien content qu'elle ne puisse pas voir son visage légèrement empourpré.

– Je ne suis pas forcément à l'aise en disant ce genre de niaiserie. Pour moi c'est quelque chose d'acquis. Je te le fais comprendre une fois et c'est bon.

Il la lâcha et constata avec joie que cette fois, c'était elle qui était accrochée à lui.

– Avec Nolan on n'a pas besoin de se dire qu'on s'apprécie pour le savoir. Mais toi...

– Moi je suis une hystérique qui a constamment besoin de reconnaissance, acheva-t-elle à sa place, le libérant à son tour et se dirigeant vers le bord. Elle afficha alors un sourire affectueux. C'est vrai que c'est plus simple avec Nolan.

Raphaël leva les yeux au ciel et la rejoignit devant la balustrade. Soudainement, l'entendre évoquer leur ami commun alors qu'il s'empêtrait dans d'inextricables démonstrations de sa propre affection commençait à l'irriter. Il pensait bien faire en lui rappelant à quel point elle comptait pour lui mais se rendit soudain comte qu'il le faisait davantage pour lui-même que pour Lise. Il n'aimait pas non plus ce qu'il comprenait de ses sous-entendus, à savoir que c'était plus facile de dire au blondinet qu'elle l'aimait. Parce que c'était de cela qu'il s'agissait, n'est-ce pas ? Vraiment, il n'arrivait plus à savoir ce qu'il avait initialement prévu de lui dire, ne voyant que sa colère refaire surface. Il s'enlisa dans le marasme de ses émotions et se laissa engluer par sa propre mauvaise foi, préférant battre en retraite pour se protéger sans même e avoir conscience.

– En fait, je voulais aussi te féliciter.

La jalousie se disputait la première place avec la colère et Raphaël ne put empêcher ni l'une ni l'autre de lui dicter ses paroles.

– Je ne pensais pas que tu te jetterais sur Nolan si peu de temps après mon départ, mais bon, félicitations quand même.

– Euh... attends, quoi ?

Il la regarda du coin de l'œil puis fixa son attention sur le paysage devant.

– Pas de ça entre nous. Ce n'est pas parce que je ne suis plus avec vous que j'ignore tout ce qui se passe, tu sais.

– Et bien éclaire-moi alors, parce que je crois bien que j'ai loupé quelques épisodes de ma vie !

– Pas la peine de le nier, la prévint-il en lui tournant le dos, impatient. Je m'en fous après tout, tu fais ce que tu veux et je reste votre pote malgré tout. Mais je croyais que tu m'en aurais parlé avant de le faire. Avant que Lise n'intervienne il ajouta : remarque, quand je vois comment tu t'es comportée avec lui à la soirée de clôture de l'émission, j'aurais dû m'en douter. Les indices étaient trop gros...

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