Le cœur cognant violemment contre sa poitrine, une étrange sensation le prenant aux tripes, Raphaël pianota ce numéro qu'il composait si souvent il y a peu de temps encore et dont il connaissait par cœur la succession de chiffres. Son doigt flancha sur le dernier nombre et il verrouilla son cellulaire, l'envoyant valser sur le lit. Le téléphone rebondit et se perdit derrière les oreillers. Raphaël tourna et vira dans la chambre et s'impatientant de son instabilité, il s'accouda à la fenêtre. Il soupira et comprit en passant nerveusement la main dans ses cheveux sombres qu'il était en proie à une panique monstre. Ce qui l'agaça plus encore. Comment pouvait-il rester serein face à des milliers de visages lors d'une performance artistique mais être incapable d'affronter une seule femme à travers le prisme d'une onde ?
Déterminé à ne pas tergiverser plus longtemps, il partit à la recherche de son portable disparu au milieu des draps et des traversins et lorsqu'il le récupéra, il lança l'appel.
Chaque tonalité résonnait comme un écho sourd dans sa poitrine. Se sentant plus idiot que jamais, il s'aperçut qu'un frisson désagréable et glacé courait le long de son corps. Si on lui posait la question dans l'immédiat, l'amour ressemblait davantage à une grippe doublée d'une indigestion alimentaire qu'à une douce caresse d'ailes de papillons. Et il fallait être profondément stupide pour trouver cette sensation excitante, exquise ou délicieuse. C'était tout simplement horrible. Affreux.
Troisième sonnerie.
Cauchemardesque.
Son pouls répondit à l'appel du cœur et s'emballa. Sensation insupportable qui croissait avec ce putain d'écho qui lui signalait l'indisponibilité de son correspondant. Si Lise ne répondait pas maintenant, il n'aurait probablement pas la force de recommencer plus tard. C'était maintenant ou jamais.
Quatrième sonnerie.
Il invoqua tous les dieux qu'il avait dans son répertoire, les suppliants d'être miséricordieux généreux et de faire en sorte que quelqu'un – n'importe qui, tant pis ! – réponde. S'il avait su qu'un jour leur générosité pourrait racheter un supplice de cette envergure, il se serait rendu plus souvent à l'église, à la synagogue ou à la mosquée !
Raphaël se pinça l'arête du nez. Bordel mais décroche Lise, décroche...
Ne tenant plus il ramena l'écran sous ses yeux et de son pousse le leader des Spectres caressa le petit téléphone rouge. Alors qu'il s'apprêtait à raccrocher définitivement, son écran changea du tout au tout. Un minuteur confirma la chose : elle avait décroché. Juste avant la cinquième sonnerie. Il leva la tête une seconde et fit signe aux autorités supérieures qu'il avait reçu le message ; il se renseignerait sur les lieux de cultes aux alentours.
– Allô ? Lise ? Je, commenta-t-il avant de s'interrompre. Mal à l'aise, il se râcla la gorge afin de gagner du temps. C'est moi. C'est Raph.
Le silence l'accueillit.
– Tu... Ça va ? Je veux dire... Ecoute, il faut qu'on parle.
Et l'étreignit plus fort encore.
– Tu es là ? Lise ?
Il n'était pas sûr, après tout peut-être était-il en train de lui laisser un message ? Il jeta un coup d'œil à l'écran. Non. Elle avait bel et bien décroché.
– Ecoute, pour moi aussi c'est dur alors ne rend pas les choses plus compliquées. Tout serait beaucoup plus simple si tu me parlais.
Mais elle s'obstina dans son mutisme. Raphaël se demanda sincèrement s'il n'allait pas devoir passer un nouveau pacte avec les divinités pour avoir gain de cause. A ce rythme-là, il s'endetterait sur vingt ans !
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Ouvrir les yeux
Storie d'amoreJe n'ai rien eu besoin de plus que ton sourire pour tomber amoureuse. Tu as du charme, tu le sais ? Je me croyais immunisée contre ça, contre toi. Mais c'est ma faute : je n'aurai jamais dû avoir envie de te connaître, je n'aurai jamais dû avoir env...