Chapitre 38

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Bordel de meeeeeerde, mais pourquoi je ne comprends jamais la première fois ? Putain non mais ça peut pas être simple ! Non, moi les conneries faut bien que je les répète deux, trois fois histoire d'être sûre que c'est bien la merde, ronchonna Lise avec un brin de mauvaise foi en tentant laborieusement de trottiner derrière – mais alors loin derrière – Théo.

– On accélère ?

– Heu ! Parce qu'on n'est pas au max là ?

Théo pouffa et maintint son rythme une dizaine de secondes encore avant que sa camarade ne lui donne la permission d'aller à son propre rythme. En ce qui la concernait, Lise préférait ralentir l'allure. Elle arrêtait là pour aujourd'hui. Vingt minutes, c'était laaaaaaargement assez. Il fallait penser à la progression. C'est très important la progression, essaya-t-elle de se convaincre, si je déchire tout dès le début, ça n'a aucun intérêt. Et décidant de faire de ce jour le premier – et très certainement le dernier – d'une toute nouvelle hygiène de vie, elle sortit du chemin goudronné pour s'ébattre dans l'herbe. Ne sachant pas quand l'humoriste déguisé en coach sportif personnalisé déciderait de faire demi-tour pour revenir la chercher, elle en profita pour checker ses messages.

Le néant.

Bon, au moins c'est réglé. Aucun message. Triste constatation tout de même.

Elle soupira. Elle s'ennuyait ferme sans les messages fantasques de Cara. C'était dur de l'avouer mais Cara avait été une vraie amie pour elle. Elle s'interdisait de repenser à sa trahison parce qu'elle était trop douloureuse, mais le sport l'ayant aidé à se sentir mieux physiquement, elle éprouva l'envie soudaine de faire le point sur toutes ses contrariétés. « Animo sano in corpore sano », c'était son nouveau mantra.

Pour résumer, Cara l'avait poignardée dans le dos. Mais dans quel but? Pourquoi mettre toute cette pagaille ? Que pouvait-elle y gagner? Elle ne serait tout de même pas amoureuse de... lui ? Non, ça semblait peu probable. Et si ça avait été le cas, non seulement elle n'aurait réussi qu'à l'envoyer plus loin encore d'elle(s), mais elle n'aurait certainement pas insisté pour les aider à se rabibocher. Non, cette hypothèse était entièrement exclue. Pourquoi alors ? Lise ne pourrait pas le jurer mais il lui semblait que le mode opératoire ne ressemblait pas à Cara. Cara était une bourrine. C'était peu flatteur mais c'était la stricte vérité. Elle fonçait tête baissée et ne s'inquiétait des conséquences qu'à la fin. Or ce coup-là avait été finement joué...

Quelque chose lui échappait, elle en était sûre ! Et si...

Mais le début d'idée qu'elle touchait du bout du doigt éclata subitement lorsqu'un poids mort s'abattit sur le gazon à côté d'elle.

– Pffiou !

Elle attendit qu'il complète mais le souffle lui manqua et le seul son qu'il fut capable de produire fut un long râle bruyant.

– Usain serait-il en train d'agoniser ?

Pour répondre à sa question, il leva son pouce en l'air. Lise s'amusa de son état.

– T'as aucune pitié, se plaignit-il.

– Oh non, ricana la martyre du sport, et surtout pas pour les tortionnaires !

Il fit rebondir le bout de son doigt sur le ventre de Lise en secouant la tête.

– Tu verras, quand ça sera tout plat et tout sculpté, tu me remercieras. Tu seras kiki mignon tout plein !

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