Le soleil caressa paresseusement sa joue et elle profita pleinement de ce moment de calme. Kacee l'avait appelée la veille pour lui rappeler qu'elle avait rendez-vous avec le producteur Mark Jeeler - une étoile montante de la réalisation - et les Spectres. La journée promettait donc d'être particulièrement intense et Lise en soupira d'avance. Oh, bien sûr elle adorait son métier d'idole, mais parfois - et généralement le matin, dans cet état semi comateux où elle ne dormait plus mais n'était pas non plus tout à fait réveillée - elle se demandait à quoi ressemblerait sa vie sans les strass et les paillettes.
La chaleur sur son visage se propagea agréablement sur son corps, la tirant peu à peu de son état léthargique. Elle savoura la timide salutation de l'astre brûlant sur sa peau en se demandant comment le soleil pouvait être plus matinal qu'elle en cette aurore du mois de mars. Et au moment où elle se fit cette constatation, son cerveau planta.
D'un geste vif, elle s'arracha à l'étreinte chaleureuse de son lit et bondit sur son téléphone portable.
- Oh bordel de meeeeerde !
Lise s'extirpa le plus rapidement possible de son pyjama pour sauter dans un jean. Elle finit de s'habiller en dévalant l'escalier, récupérant au passage son sac et une brioche sur le plan de travail de la cuisine avant de sortir de la maison, faire quelques pas dans l'allée menant au portail et... revenir fermer la porte à clés en grommelant. Comme si elle n'avait pas déjà perdu assez de temps !
Bon sang, ils allaient la tuer...
Une fois de plus, Lise Cavendish était en retard à la KAS - Kacee Agence des Stars - où elle travaillait en tant qu'artiste depuis quelques temps déjà. Son manager, une jeune femme d'une trentaine d'années, allait très certainement la tuer au moment même où elle passerait la porte. Chaque jour c'était la même chose. Elle avait tout essayé pourtant, mais il n'y avait rien à faire ; son lit trop possessif ne voulait jamais la laisser partir le matin. Et Lise n'était pas du genre à vouloir lui briser le cœur.
Elle tiqua en repensant que sa manager, la très stricte Kacee, pourrait en revanche lui faire avaler le sien sans sourciller et sans remords si elle n'arrivait pas à temps pour la réunion. Heureusement pour elle, Kacee, qui commençait à la connaître, avait programmé la réunion assez tard dans la matinée. Avec un peu de chance personne ne remarquerait qu'elle arborait encore la trace de son oreiller sur la joue droite ou qu'aucun peigne n'avait rendu visite à ses cheveux blonds. Se débarrassant de sa brioche en l'engouffrant dans sa bouche, elle choisit de traiter les choses par priorité : en traversant la rue elle s'attacha les cheveux. Face à la vitrine d'un grand magasin, elle prit trois secondes et demie pour vérifier son apparence. Bon, jean et pull blanc. Un classique. Personne ne pouvait critiquer. Elle tiqua légèrement sur ses chaussures. Ouais bon d'accord, en enfilant ses slippers avec patchworks à paillettes dorées, elle avait légèrement déconné. Mais avec encore un peu plus de chance, elle serait assise et personne ne verrait ses chaussures. Enfin, si d'aventure elle arrivait à temps !
Alors, se dépêchant autant qu'elle pouvait, elle trottina jusqu'à l'agence et poussant la porte d'entrée, elle tomba nez à nez avec les Spectres. Un soupir de soulagement s'échappa du fond de sa gorge : elle était arrivée pile à l'heure ! Un coup d'œil à l'horloge lui indiqua que ce pile à l'heure retardait tout de même de vingt minutes. Tant pis : après tout, ses deux amis étaient encore là, c'était plutôt bon signe.
- On se demandait si tu comptais nous honorer de ta présence, se moqua Raphaël alors que Nolan levait les yeux au ciel avant de la saluer avec un sourire.
C'était typique d'eux. D'un côté il y avait le très calme et adorable Nolan Lewis et de l'autre le si rabat-joie et si agaçant Raphaël Deacon. Ils étaient aussi différents que le sel et le sucre, mais ensemble, ils formaient le duo à succès des deux dernières années ; Les Spectres. Et s'ils formaient ce duo remarquable sur la scène c'était précisément parce qu'ils étaient aussi complémentaires. Nolan était l'unique enfant d'un grand écrivain et sa mère était une journaliste très populaire alors que Raphaël avait trois petits frères et des parents peu présents. Le premier était aussi blond que le second était brun. En réalité, la seule chose qu'ils avaient en commun c'était qu'ils étaient ses deux meilleurs amis. Et qu'ils étaient tout aussi beaux l'un que l'autre. Réalisant qu'elle n'était clairement pas impartiale, Lise répondit au sourire du blondinet.
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Ouvrir les yeux
RomansaJe n'ai rien eu besoin de plus que ton sourire pour tomber amoureuse. Tu as du charme, tu le sais ? Je me croyais immunisée contre ça, contre toi. Mais c'est ma faute : je n'aurai jamais dû avoir envie de te connaître, je n'aurai jamais dû avoir env...