Ouvrir les yeux

Chapitre 29

« Bon, Raphaël, c'est moi. Oui, encore. Je ne sais pas ce que tu as, ça va ? ... Bon... Beh réponds-moi dès que tu peux. Fais-moi un signe, que je sois rassurée au moins. T'es parti sans rien dire y'a deux jours et depuis plus de nouvelles ! Un sms, ce n'est quand même pas le Nirvana alors fais un effort ! Je suis à l'agence cet aprèm et Nolan aussi est là. Passe nous voir, OK ? »

Elle raccrocha, soupira, attendit deux secondes et... laissa exploser sa colère.

Bon sang ! Mais quel était son problème ? Pourquoi la filtrait-il depuis deux jours ? Qu'avait-elle fait pour qu'il la rejette ainsi ? Elle n'y comprenait plus rien. Elle avait pourtant cru que tout était redevenu comme avant entre eux. Il avait même voulu la voir impérativement deux jours plus tôt. Et depuis il lui opposait un silence glacial. C'était révoltant !

Et déroutant.

La jeune artiste se sentait complètement perdue face à cette situation. Néanmoins ce qu'elle ressentait plus qu'autre chose c'était bel et bien de la colère. Oui, elle était irritée d'être ainsi mise de côté et commençait à comprendre l'enfer que Raphaël avait dû vivre lorsque c'était elle qui l'évitait. Et justement cet inversement des rôles l'agaça plus encore qu'auparavant ! Il savait ce qu'on pouvait ressentir alors pourquoi lui infligeait-il tout cela ? Voulait-il se venger? Ce serait ridicule ! Pas après tous leurs efforts et les grands discours qu'ils s'étaient échangés sur le renouvellement de leur amitié !

Frustrée et épuisée de formuler toutes ces hypothèses qui restaient sans réponses, elle croisa les bras sur sa poitrine.

– Toujours pas de signe de vie ?

– Non, rien de rien, confia-t-elle excédée.

– Il n'est pas malade au moins ?

Se rendant compte qu'elle n'avait absolument pas pensé à ce cas-là, Lise se redressa et se tourna vers son ami blondinet qui était en train de feuilleter un magazine, sereinement affalé sur la table.

– Bah quoi ? Ça lui arrive rarement mais c'est toujours possible ! Il n'avait vraiment pas l'air bien la dernière fois que je l'ai vu et c'était il y a seulement trois jours. Comme c'était avant votre réconciliation, j'ai mis ça sur le compte de la tristesse mais peut-être qu'il était déjà malade à ce moment-là...

Lise se mordit la lèvre et hésita à rappeler le leader des Spectres pour s'excuser de sa brusquerie. Elle allait demander quelle attitude adopter quand une boule d'énergie pure déboula dans la salle de repos, la coupant dans son élan.

– Ah ! t'es déjà là toi ?

– A qui tu parles ? s'emporta Nolan.

– Au premier qui voudra bien me répondre. Allez-y, battez-vous pour moi.

Elle s'installa sur une chaise devant la table et sortit une lettre de son sac. Lise laissa de côté ses petites histoires de cœur pour observer ses deux compagnons. C'était presque devenu son activité favorite ces derniers temps puisqu'ensemble ils formaient un duo plutôt original et inattendu.

– Vous ne me croirez jamais, mais j'ai reçu un poème à mon nom, ce matin !

Lise pouffa devant l'air béatement fier de la jeune fille et rigola franchement en voyant Nolan rouler des yeux au ciel. D'ailleurs le garçon se leva et commença à quitter la pièce en lançant :

– Range-ça, on doit passer voir Kacee pour la séance photo, tu te souviens ?

– Quoi, tu ne veux pas écouter les vers qui me sont dédiés ?

Cara fourra la feuille dans son sac en souriant, se leva à son tour et quitta la pièce en faisant un clin d'œil à Lise. Puis, une expression mutine sur le visage, elle s'élança et rejoignit le beau blond en moins de temps qu'il n'en fallait pour l'écrire. A peine l'avait-elle rejoint qu'elle recommença à le taquiner. Lise les entendit se chamailler jusqu'à ce qu'ils atteignent le bureau de leur manager. Honnêtement, ces deux-là pouvaient se lancer dans un duo comique, ils feraient un carton à coup sûr !