Chapitre 29

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 Marine glissa dans le passage sur les talons des loups. Elle avait mal, sa jambe saignait abondamment, le liquide écarlate coulait sur le sol. On pouvait la suivre à la trace. Le carreau avait traversé sa cuisse et en ressortait de l'autre côté. Elle traînait sa jambe douloureuse derrière elle en rampant sur les pierres froides.

Peu à peu la rumeur de Freyens disparu derrière elle, le silence s'installa rompu par les bruits que faisaient les griffes des loups sur le sol et leurs respirations haletantes. La jeune fille arriva au bout du tunnel et tomba dans la boue et la paille. Marine n'avait plus de forces, sa jambe, son ventre, son dos, tout son corps la faisait souffrir.

La jeune fille essaya de se relever. Sa jambe sanguinolente se déroba sous elle, et elle s'étala dans la terre humide et la paille. Mal. C'est tout ce qu'elle sentait, la douleur dans sa cuisse qu'il lui paralysait toute la jambe.

La douleur physique effaçait presque ses peurs. Elle était l'Avarielle, le démon, elle. Elle ne parvenait pas à y croire, et pourtant les loups l'avaient acceptée.

– Le loup acceptera.

C'est ce qu'avait dit Ryan. Et les loups l'avaient épargnée, elle. Marine ne sentait que sa jambe et le désespoir d'être encore en vie. Si les Freyens l'attrapaient en vie, qu'allaient-ils lui faire ? Elle essaya de ne pas y penser.

Le loup blanc frotta son flanc contre la tête de la jeune fille. Ce loup l'avait sauvée, comme le grand loup noir... Pourquoi ? Ils ne pouvaient pas faire ça, ils n'en avaient pas le droit ! C'était impensable et complètement absurde. Ils avaient risqué leur vie pour elle, quitte à les sacrifier.

Marine observa le canidé. Ce loup était d'un blanc immaculé, il avait de grand yeux bleu ou plutôt elle avait. Non pas un loup. C'était une louve blanche aux yeux azurs.

Marine entendit une jappement venant du fond de la pièce. Il y avait bien huit ou neuf loups et une poignée de louveteaux qui craignaient de l'approcher. Tous les animaux la regardaient de loin sans aucune crainte ni hostilité dans le regard.

La jeune fille se redressa en grinçant de douleur. Ses yeux étaient déjà habitués à l'obscurité, elle découvrit la tanière des loups. C'était une pièce d'une taille respectable, sans rien de particulier, ne comportant qu'une seule sortie, celle qui menait à l'arène.

Marine remarqua une ancienne porte grossièrement emmurée. Il n'y avait donc aucune issue. La jeune fille savait que les soldats ne tarderaient pas à venir la chercher.

Marine se releva en prenant bien garde à sa jambe. Elle la cala bien droite en priant pour qu'elle ne bouge pas trop. Elle arriva à se mettre debout sans trop de dommage.

– Un miracle songea t-elle.

Elle n'aurait jamais imaginé pouvoir se remettre dans cette position un jour. La jeune fille boita jusqu'à un des murs de la pièce. Sa jambe se balançait mollement, sans vie, inerte. Une issue. Elle devait trouver une issue.

Elle se mit à tâter toutes les pierres de la cloison, une à une dans l'espoir de trouver, ou un passage secret comme les films qu'elle avait vu, ou une pierre mal jointée qui serait susceptible de bouger. Les pierres étaient humides et chaudes, le ciment s'effritant par endroit.

Les mains de Marine se couvraient de poussières, de vieilles toiles d'araignées et de vestiges de divers insectes.

Soudain, la jeune fille entendit un bruit sourd juste à ses pieds. Une grosse pierre bougeait en bas du mur. Elle avait dû l'effleurer avec sa jambe morte pour provoquer un tel son.

Marine ne prit pas un seul instant pour réfléchir, elle se laissa tomber sur le flanc, en faisant toujours bien attention à sa cuisse qui saignait abondamment. Se retrouvant dans la paille et dans la boue une nouvelle fois, elle tâtonna de son pied valide la pierre.

L'Avarielle - La légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant