Chapitre 20

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 Ryan avait ramené la fillette dans sa cellule puis dans sa cage. Il l'avait rattachée en tremblant puis il était parti avant de pleurer.

Son ami s'inquiétait beaucoup. Marine savait très bien qu'il ne pouvait rien faire et que s'il le pouvait, il assisterait à son épreuve du sang. Il voudrait sûrement lui redonner confiance, lui donner une attache à laquelle s'accrocher. Mais Marine savait qu'elle n'était pas le démon.

Elle se ferait dévorer sous les yeux de son ami et ça, elle le refusait plus que tout. La fillette repensait à cette épreuve sans arrêt.

L'épreuve du sang. Lola est là. Sur le sable rouge, ses yeux bleus fixant le vide. Les loups s'acharnent sur elle, sa gorge est en sang, ses vêtements déchirés, elle ne crie plus. Le loup noir gronde sur la fillette inanimée.

Soudain il n'y plus de loups, ni Ryan, il n'y a plus de cris ni de Freyens. Lola se relève couverte de sang, de larges plaies sur tout le corps.

– Marine... dit-elle.

Marine est incapable de prononcer le moindre mot. La palissade a disparu, elle est dans l'arène avec Lola.

– Marine... répète Lola. Tout est de ta faute... c'est de ta faute si je suis morte...

Marine sent la tristesse l'envahir. Elle a peur de cet enfant. Son amie.

– Pourquoi ? Pourquoi tu m'as laissée mourir à ta place ? Pourquoi je suis morte ?

Lola hurle. Sans que Marine ne puisse bouger ni lui répondre.

Marine se réveilla sur le sol humide de sa cellule. Un cauchemar. Le cœur battant la chamade, la fillette regarda autour d'elle. Malgré l'obscurité elle arrivait presque à tout voir dans la pièce, et il n'y avait personne dans la cage qui lui faisait face. Lola était bien morte.

Marine tremblait, de froid ou de peur, elle aurait été incapable de le dire. La fillette se releva et s'appuya contre le mur. C'était l'émotion qui la faisait trembler. Elle prit un instant pour écouter le silence. Marine se représenta les vagues, la mer et le vent. L'eau, de l'eau partout. Ce mélange était parfait. Il l'apaisa un peu. Elle sentit les battements de son cœur ralentir.

Elle entendit alors des bruits de pas résonner dans le couloir. Des Freyens. Ils arrivaient. Marine s'avança au centre de sa cage. Elle savait qu'ils venaient pour elle. Elle n'aurait pas su comment ni pourquoi mais elle le sentait. Les bruits de pas s'arrêtèrent devant la porte de la cellule, une clé tourna dans la serrure et la porte s'ouvrit. La salle fut une nouvelle fois inondée de lumière.

Marine mit très peu de temps à s'habituer à la lueur que jetait la torche dans la pièce. La fillette considéra les intrus, trois Freyens et le vieillard qui les avaient accueillis à leur arrivée à la forteresse. Celui qui la fixait d'un regard si mauvais et qui s'était montré si étrange.

Ils refermèrent la porte derrière eux et tandis que les deux hommes et le vieillard cherchaient du côté du plan de travail, le troisième vint voir la cage de Marine. Cet homme était à peine plus vieux que la fillette, il ne devait pas avoir plus de seize ans.

Il détacha la chaîne de la fillette et l'entraîna vers les autres. Marine ne montra aucune forme de résistance. Elle accepterait tous les tests préliminaires, mais elle n'était pas sûre de ne montrer aucune réticence pendant lesdits tests. L'un des hommes posa un tabouret en retrait tandis qu'un autre amenait une petite table munie de lanières. Marine fut prise d'effroi, elle s'arrêta net. L'homme ou plutôt le garçon de seize ans tira la chaîne d'un coup sec pour la faire avancer.

Un autre homme lui empoigna le bras gauche et l'attacha à la table. Marine tenta de se débattre mais la prise du garçon de seize ans était bien trop forte pour elle. Le vieillard s'assit sur le tabouret et observa la fillette. Il semblait se délecter de chaque instant. Marine le fixa et se rendit compte qu'elle l'amusait. La fillette se détendit. Elle ne comptait pas lui offrir le spectacle d'une lutte acharnée et inutile. Marine affronta du regard le vieil homme.

Le troisième s'approcha de la fillette, il tenait un flacon qui contenait un étrange liquide orange. Il jeta un coup d'œil interrogateur vers le vieillard. Ce dernier hocha la tête un sourire sadique en coin. L'homme déboucha le flacon et se pencha sur Marine. Il était si près qu'elle sentait son souffle chaud au-dessus d'elle.

La fillette le regarda. Elle aurait voulu l'implorer mais à défaut d'espoir elle garda le silence. L'homme versa l'étrange mixture sur le bras de la fillette.

Le liquide orange s'étala sur sa peau, il était visqueux et chaud. La chaleur augmenta là où la mixture se tenait. Bientôt Marine ressentit des picotements puis une douleur bien réelle lui traversa le bras. Elle avait l'impression que sa peau était en train de brûler, elle avait mal, tellement mal. Toutes les cellules de son bras criaient grâce, elles brûlaient sous l'assaut du liquide orangé. La fillette se retint pour ne pas hurler. Mais bientôt la douleur fut telle qu'elle ne put s'en empêcher. Marine ne sentait plus que la douleur de son bras qui grandissait encore et encore. Elle avait si mal qu'elle aurait voulu mourir. Ou être le démon, tout détruire autour d'elle, être libre loin des Freyens.

Aller chercher Ryan et partir. Retrouver Maxime, sa mère, sa famille et ses amis... Mais elle avait mal. Elle ferma les yeux et les serra les plus fort possible pour ne pas voir son bras brûler sous ses yeux.

Marine sentit alors une larme couler sur sa joue depuis son œil droit. Elle avait mal. La larme se décrocha et tomba sur sa peau. Le liquide chaud lui fit rouvrir les yeux. Du sang. Elle pleurait du sang.

L'Avarielle - La légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant