Respire • Twilight

2 | Chapitre 4

𝟏𝟕 𝐀𝐍𝐒

Ma vie depuis mon arrivée à Forks s'était montrée magnifique. Je m'étais fait des amis, j'avais de — très — bonnes notes, mes crises d'asthme avaient visiblement diminué et j'avais même échangé mon premier baiser avec un garçon. Garçon qui après ce même baiser, était parti sans donner de nouvelle, emportant avec lui une part de moi-même. Ne dit-on pas qu'entre amour et haine, il n'y a qu'un pas ? Car une chose était sûre: je ne ressentais plus d'amour pour ce garçon. Il m'avait brisé. Il m'avait arraché le cœur pour me le rendre mort. Et comment faire pour aimer quelqu'un dès lors que le cœur ne fonctionne plus ? Je n'étais, cependant, pas sûre de pouvoir qualifier mes sentiments envers lui de haine. Ce mot était trop fort, trop violent et pas assez puissant pour décrire ce que je ressentais. Car même si j'étais en colère contre lui, peinée et vexée par son comportement, il me manquait tout de même... un peu. Décidément, le monde manque vraiment de mots pour décrire tout ce que nous pouvons ressentir.

Pour la première fois depuis longtemps, j'avais été heureuse. Ces mois à Forks avaient été les meilleurs de mon existence. J'étais parvenu à plus ou moins tourner la page sur les événements d'Ajaccio. Je n'étais plus triste à longueur de journée, plus en colère non plus. Je n'avais plus à dire que j'allais bien aux personnes que j'aime sans avoir à leur mentir. J'étais comblée. Mais ce bonheur avait été éphémère. Aujourd'hui, mon sourire était trompeur. Les gens pensaient que j'allais bien, mais c'était faux. Parce que Bella allait tellement mal que je me sentais coupable d'aller mal également, alors je faisais semblant. Semblant d'être heureuse. Je ne pouvais pas me laisser emporter par ce flot de sentiments. Je faisais tout pour les combattre. J'avais un suivi psychologique, psychiatrique même, et j'étais sous anti-dépresseurs. J'aurais dû aller bien.

Mais au fond, je me sentais terriblement seule. Parce qu'en réalité, c'était seule que j'affrontais mes démons. Que je me battais contre les souvenirs de la Corse qui remontaient dans mes pensées la nuit. Que je luttais contre mes rêves d'homme-loup. Que je me réveillais en sursaut. Je n'avais plus personne à qui en parler.

Le temps passait lentement, emportant avec lui les derniers espoirs que je portais quant-au retour des Cullen. Je me demandais comment faire sans eux. Non pas que j'étais devenue dépendante d'eux, mais ils étaient les seules personnes que j'appréciais réellement à Forks et avec qui j'aimais passer du temps, hormis Bella. Mais sa dépression dû à leur départ nous avait quelque peu éloignées l'une de l'autre. Novembre était arrivé tout aussi vite que le temps s'était écoulé, tout comme le 27, jour de mon anniversaire. Le premier que je passais à Forks : le premier que je passais sans mon père. C'est très heureuse que je quittai mon lit après une longue nuit de sommeil et que je sortis de ma chambre pour rejoindre ma mère dans le salon.

— Bon anniversaire ! s'empressa-t-elle lorsqu'elle me vit arriver. Dix-sept ans, murmura-t-elle pour elle-même, tu grandis trop vite, ma grande ! termina-t-elle en venant m'enlacer avec tendresse.

— Merci, maman, répondis-je en me détachant d'elle.

— Tu as bien dormi ? continua-t-elle en retournant s'asseoir sur sa chaise.

— Je n'ai fait aucun cauchemars, fis-je, fière.

Parce que c'était un vrai exploit pour moi d'avoir pu passer une nuit tranquille. Je m'installai à mon tour sur une chaise, et me servis un bol de céréales avec du lait.

— Alors, reprit ma mère, tu as prévu quelque chose avec tes amis, ce soir ?

— Hum, non, fis-je étonnée qu'elle me pose la question. 

— Tant mieux ! s'enthousiasma-t-elle. J'avais peur que tu aies quelque chose de programmé.

— Les Cullen sont partis, Bella est en dépression, et je n'apprécie pas réellement les autres lycéens, alors... résumais-je. Maman, m'étonnais-je soudainement en fronçant les sourcils, qu'est-ce que tu prépares ?