2 | Chapitre 21

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𝐂𝐎𝐌𝐌𝐄 𝐃𝐀𝐍𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐅𝐈𝐋𝐌𝐒 𝐀𝐌𝐄𝐑𝐈𝐂𝐀𝐈𝐍𝐒

Lorsque j'ouvris les yeux, des milliers d'images de la soirée de la veille me remontèrent. J'avais parlé à Jasper. Je lui avais dit ce que je ressentais au plus profond de moi et il en avait fait de même. Tout ça, sans que je ne m'énerve. Voilà qui relevait du miracle lorsque l'on repensait à la manière dont je l'avais détesté ces derniers mois.

À mon réveil, il était toujours là. À mes côtés, un livre à la main.

Je me relevais légèrement afin de m'asseoir et regarder la couverture du livre. Un livre d'histoire. Je souris en jetant un bref coup d'œil à son étagère qui en était déjà remplie.

— Bien dormi ? me demanda-t-il en relevant le nez de la page qu'il était en train de lire.

Ouais, soufflais-je. Je dors toujours mieux après avoir pleuré, confessais-je.

— Dans ce cas, prépare-toi à mal dormir car je ne veux plus jamais te faire pleurer.

Je souris, émue, alors que le rouge me montait aux joues.

— Pourquoi aimes-tu autant les livres d'histoire ? demandais-je après quelques secondes, simplement pour changer de sujet. 

Il referma son livre, pensif.

— Je ne me suis jamais réellement posé la question, commença-t-il. Mais je suppose que cela est dû au fait que j'étais soldat durant ma vie humaine.

J'acquiesçai.

— Parles-moi de ta vie humaine. fis-je soudainement. S'il te plaît.

— Que souhaites-tu savoir ?

— Ce dont tu as envie de me parler.

Il réfléchit quelques instants avant de me répondre :

— Tout cela remonte à presque deux siècles, je n'en garde que très peu de souvenirs. Je me rappelle que j'avais une sœur. De trois ans ma cadette. Elle s'appelait Nellie. De ce dont je me souviens, nous étions inséparables. Nos parents étaient fiers. Surtout notre mère. J'étais très proche d'elle. Esmée me fait penser à elle par moment, c'est sûrement pour ça que je parviens à lui parler de mon passé aussi facilement. J'étais moins proche de mon père, en revanche. Nous étions une famille modeste, alors il travaillait beaucoup et je le voyais peu.

Je souris à ces bribes de souvenirs et lui aussi. Cela devait faire un moment qu'il n'y avait pas repensé.

— J'aidais régulièrement une dame à garder quelque chose. Mais je ne sais plus quoi : cela pouvait aussi bien être un poisson rouge qu'un enfant, rit-il doucement. La vie était simple... jusqu'à ce que la guerre civile n'éclate.

— Pourquoi avoir choisi l'armée confédérée ? pensais-je à haute voix.

C'était une question qui m'effleurait régulièrement l'esprit depuis la première fois où il m'a parlé de son passé. Regrettait-il ses actions passées ? 

— C'est bien l'une des choses pour lesquelles j'aimerais me souvenir de ma vie humaine. J'y ai beaucoup réfléchi depuis ma transformation, j'ai essayé de mieux comprendre la cause pour laquelle je me suis battu et davantage encore de voir comment ses effets perdurent toujours dans notre société actuelle, même dans un climat politique différent. Pourtant, je n'en ai jamais trouvé l'explication. J'étais jeune et irréfléchi. Au moins, je peux t'assurer qu'à l'heure actuelle, je ne pense plus de cette façon. Je suis pour l'égalité des droits de tous et pas seulement pour le groupe que j'ai le plus lésé en devenant confédéré.

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