VINGT-QUATRE

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Chapitre vingt-quatre

Vista las Palmas, Palm Springs, CA, États-Unis - Samedi 25 novembre 2022, 02h37

LAKE

— T'es pas sérieux ?

Pas la peine d'avoir de réponse, je vois bien à son regard et sa mâchoire serrée qu'il n'a jamais été si sérieux. Je me laisse tomber contre le siège et je regarde en silence la route défiler sous mes yeux, comme si j'étais extérieure à ce qui est en train de se préparer.

— Je ne peux pas faire ça, je lâche d'une voix qui me paraît lointaine.

Pas de réponse alors que la voiture se stoppe dans un crissement de pneus. Je mets une main sur le tableau de bord par réflexe et je tourne la tête pour regarder où Alcinder nous a arrêtés. Ma vision se voile quand je reconnais parfaitement la maison.

— Comment tu sais où habite Peter ?

Je lui jette un regard et je vois qu'il regarde toujours droit devant lui. Tremblante j'essaie de me calmer mais l'habitacle de la voiture est comme une boîte de conserve ; je me sens emprisonnée, à deux doigts de sortir et de partir en courant.

— On a moins de cinq minutes avant qu'il se pointe je pense, il précise comme si j'avais donné mon accord.

Je tourne mon attention vers Elena qui reste silencieuse mais qui regarde à l'extérieur de la voiture avec un air amusé. Quand je porte mon regard vers ce qui retient son attention je soupire. Effectivement, la Subaru BRZ de Peter est garée devant chez lui, un lampadaire de la rue l'éclairant faiblement.

— Deux minutes, rajoute Al' me faisant sursauter.

Il n'attend pas de réponse, il sort de sa voiture et ouvre le coffre. J'attrape mon visage dans mes mains un instant pour réfléchir. Bien sûr que Peter ne mérite que ça, après tout ça, j'en apprends encore et je risque certainement d'en apprendre encore... Mais les problèmes que ça pourrait m'apporter sont considérables. Destruction de bien d'autrui, violation d'une propriété privée... J'en passe.

Pourtant la boule de panique bloquée dans ma gorge et qui l'appréhension qui noue mon estomac ne sont pas là à cause de la peur mais bel et bien parce que je ne veux pas regretter ne pas l'avoir fait.

Je n'ai pas le temps de plus réfléchir, ma portière s'ouvre et je tourne le regard vers Alcinder qui se tient debout en face de moi. Il a enfilé un pull noir, a mis la capuche sur sa tête et me tend une batte de baseball.

Quoi ? Une quoi ? Une foutue batte de baseball !

Quand je me lève - et j'ai l'impression de ne plus gérer mes propres mouvements, comme si je me laissais porter, je vois vaguement Elena se pencher vers l'avant de la voiture avant d'entendre un son strident sortir des haut-parleurs de la Corvette d'Alcinder.

Dead men don't rape de Delilah Bon résonne dans tout le quartier.

Une minute princesse, me souffle Alcinder.

Je lorgne la batte qu'il me tend avec un sourire diabolique. Il sait déjà que j'ai cédé avant même que j'attrape cette batte. Je passe à côté de lui en la lui arrachant des mains alors qu'il s'adosse à sa voiture et croise ses bras quand je lui jette un regard.

Moi aussi je rabats ma capuche sur ma tête, pas vraiment sûre de savoir si ça sert à grand chose, mais je me sens mieux, protégée et surtout badass. Je me place face à cette foutue bagnole que j'ai toujours haïe de tout mon cœur et je la regarde une seconde.

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