TRENTE

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Chapitre trente

Vista las Palmas, Palm Springs, CA, États-Unis / Résidence des Howard - Jeudi 2 décembre 2022, 11h25

BORIS

Ses coups me font beaucoup moins mal que son regard. Lake se débat dans mes bras, son dos d'abord collé au mien, essayant de se libérer comme si j'étais une bête féroce qui ne cherchait qu'à lui faire du mal. Je ne sais pas quoi dire, les bons mots restent coincés dans ma gorge. J'ai envie de hurler avec elle mais rien ne sort, je la laisse me frapper, encore et encore.

Un coup de coude me fait desserrer mon étreinte, elle arrive à se retourner pour me faire face.

Elle atteint mon torse, je la relâche un peu plus.

Mon épaule, je ne la tiens presque plus.

Quand elle se redresse pour abattre son poing contre ma mâchoire je ne bronche pas, je laisse juste ma tête tourner sous le coup, laissant retomber mes bras le long de mon corps pour la laisser reculer.

Je l'entends respirer fortement en lâchant une plainte mais je ne tourne plus les yeux vers elle. Il faudrait que je parle, que je m'explique mais tout ce qu'elle a découvert n'est que la stricte vérité. Je suis mêlé à tout ça et bien évidement, je suis rentré dans cette maison dans l'idée de décimer les derniers porteurs du nom Howard de cette foutue ville.

J'avais décidé de la tuer elle, celle qui est aujourd'hui la prunelle de mes yeux.

Mais j'ai changé. En cours de route j'ai compris que ma haine n'avait pas de place auprès de Lake.

Quand je tourne enfin mon regard vers elle après avoir porté ma main à ma mâchoire douloureuse je me demande encore comment lui expliquer tout ça sans qu'elle croit que je lui ment encore. Son visage a rougi, elle tient sa main gauche contre elle pendant qu'elle la masse avec sa main droite. Eh merde...

— Tu t'es fait mal ?

— Va te faire foutre !

Elle me regarde comme un animal sauvage pris au piège. Un instant elle fixe l'arme au sol, décidant sûrement du prochain geste qu'elle va faire pour l'atteindre mais finalement elle tourne les talons accompagnée d'un grognement de rage pour filer droit vers le frigo. Elle ouvre violemment le côté réfrigérateur et sort le premier truc qui lui tombe sous la main pour le coller à ses phalanges.

Je tente un pas vers elle mais elle lève la main pour m'arrêter. Mon cœur tambourine à ma poitrine si vite que j'ai l'impression d'être sous drogue.

— Tu devrais partir, elle lance entre ses dents. Disparais.

C'est comme si elle me plantait un poignard en plein dans la poitrine. Ça me coupe la respiration un instant.

— Pourquoi ? je m'étrangle.

— Parce que je ne serais pas capable de te tuer même si j'avais encore ce flingue dans les mains !

Elle explose en sanglots, son dos se courbant assez pour imager à quel point elle semble se casser en mille morceaux sous mes yeux.

— Je t'en supplie, elle dit essuyant rageusement ses larmes.

Je ne détache pas mon regard d'elle. Hors de question de partir sans elle. Je prends une grande inspiration et je décide de me lancer, elle fera bien ce qu'elle veut de ces infos mais moi je ne regretterai pas d'avoir essayer d'avoir son pardon.

— Je m'appelle Boris Volkov.

Je la vois lever les yeux au ciel mais je n'abandonnerai pas.

26Où les histoires vivent. Découvrez maintenant